jeudi 24 septembre 2015

Le tour de Vendée en joëlettes pour les vingt ans de Foi et Lumière

En route vers les Essarts
Foi et Lumière a démarré en 1995 en Vendée et, pour fêter leur vingtième anniversaire, les cinq communautés de ce diocèse ont mis les petits plats dans les grands et ont mis la barre très haut ! Sur le modèle du tour de France de l’OCH en joëlettes, ils ont décidé d’organiser un tour de Vendée. L’objectif était de célébrer dignement cet anniversaire, mais cette fête ne devait pas être qu’un petit événement fermé sur les seules communautés locales. Il fallait que ça permette de redynamiser Foi et Lumière en Vendée ; il fallait que Foi et Lumière s’ouvre et soit visible ; il fallait que Foi et Lumière se mette en route pour aller à la rencontre de tous ceux qui attendent notre bonne et joyeuse nouvelle, de tous ceux qui restent trop seuls face au handicap et qui ont besoin de connaître la joie de l’amitié qui se vit au sein de nos communautés.
Quand j’ai entendu parler de ce projet en novembre 2014, ceux qui avaient le désir de se remuer pour que ça soit un beau succès avaient les yeux qui brillaient, et je leur ai promis de venir les rejoindre sur les routes de Vendée. J’étais donc là pour la dernière étape qui nous emmenés de Chauché aux Essarts, et le lendemain à une fête d’action de grâce à La Roche-sur-Yon.
L'arrivée aux Essarts
Ambiance de fête à l'arrivée
Cette dernière étape fut une expérience formidable, à l’image sans doute de toutes les autres étapes au cours de ces deux semaines de marche : il y avait beaucoup de joie sur les visages et dans les cœurs (et un peu de fatigue aussi pour ceux qui étaient de la fête depuis le début). Nous avons été accompagnés par un grouper de jeunes confirmands pour lesquels le contact avec les personnes ayant un handicap mental a certainement une excellente façon de se préparer à recevoir le sacrement de confirmation en janvier 2016 : j’ai vu un de ces jeunes, un peu fatigué par la marche, prendre appui sur un garçon trisomique, quelle belle image ! Nous avons été très bien accueillis aux Essarts au milieu d’une fête locale par le maire de la ville et par le curé de la paroisse (qui lui avait marché toute la journée).
Le lendemain, à La Roche-sur-Yon, une messe paroissiale a été animée par Foi et Lumière et, à la sortie de la messe, un temps d’échange avec les paroissiens a permis encore une fois de bien nous faire connaître.
Pour illustrer ce tour de Vendée, je voudrais partager le témoignage de Marie-France qui a marché une journée avec Foi et Lumière ; il montre bien combien Foi et Lumière peut toucher les cœurs !
Au milieu du parcours, je me trouve en fin de marche. Un vent violent souffle, au point de parfois, presque nous stopper ! Les glands tombent des arbres. Nous en recevons quelques-uns, ce qui nous oblige à nous protéger avec nos capes de pluie.
Puis, une petite accalmie. Je me trouve quelques instants seule en fin de marche. Je suis saisie. J'aperçois ce petit groupe avancer. Je me mets à pleurer. Ces larmes viennent de je ne sais où. Voir ce petit groupe avancer déterminé, simple, joyeux, malgré le vent, la pluie : n'est-ce pas cela la mission des croyants ? Dans ce monde en tempête, avancer, ensemble, joyeusement, déterminé. Annoncer par notre marche ensemble l'espérance ! Et le Seigneur lui-même était bouleversé par cette simplicité, cette joie, cette détermination, cette espérance contre toute espérance ? Merci à ces pèlerins de l'espérance que j'ai eu la joie de rejoindre pour quelques heures !

La télévision locale (TV Vendée) en a parlé dans son journal le 15 septembre

Oui, ce qu’ont fait les communautés de Vendée est exceptionnel ! Bravo et merci à Gilles, Patrick et tous les autres ! J’espère qu'il y aura beaucoup de fruits, que les communautés de Vendée seront bientôt très nombreuses et puis... que ça donne aussi des idées à l’extérieur !
D'autres marches vont suivre !

mercredi 16 septembre 2015

Une session de formation tant attendue

La photo des participants
Les communautés [Foi et Lumière] à travers le monde forment une grande famille internationale. Dans chaque province, chaque pays, on porte les fardeaux, les souffrances et les joies des uns et des autres (Charte III. 4). Quand des communautés sont trop éloignées les unes des autres, cet aspect de notre charte ne peut que difficilement s’appliquer : comment former une famille quand la communauté la plus proche de la mienne est à plusieurs centaines de kilomètres, comment partager, célébrer ensemble ? Si Foi et Lumière a pour ambition de ne laisser personne seul, pourquoi certaines communautés n’ont jamais rencontré personne d’autre que les seuls membres de leur propre communauté ?
J’ai toujours eu le souci de ces pays qui ne peuvent être rattachés à une province ; même s’ils sont voisins géographiquement, l’isolement des communautés les rend extrêmement fragiles. C’est pourquoi une session de formation destinée à ces communautés a été organisée au foyer de charité de Segbohoué (Bénin) début septembre. Un rêve a pu devenir réalité pour moi, mais aussi pour les onze communautés présentes dans ces six pays : Côte d’Ivoire (1 communauté à Korhogo), Burkina Faso (1 communauté à Ouagadougou), Togo (1 communauté à Dapaong), Bénin (1 communauté à Cotonou), Nigeria (1 communauté à Ekpoma), Cameroun (4 communautés à Nkongsamba, Douala et Yaoundé, et 2 en formation à Bafang et à Bafoussam).
Après plusieurs mois de longs et minutieux préparatifs gérés depuis le secrétariat international par Guénaël et depuis chaque pays, mais surtout par sœur Marie-Antoinette au Bénin, ce fut le moment du grand départ ! Avec trois grosses valises pleines de carnets de route et de nombreux documents, nous nous sommes envolés avec Guénaël pour Cotonou où nous étions attendus par sœur Marie-Antoinette et par Philippe (papa Corneille). Le premier jour fut consacré à des activités de sensibilisation à cette formation :
Interview pour la télévision
-          Enregistrement à l’ORTB d’une présentation de la formation : ce fut diffusé dans la journée sur la chaine principale de la télévision béninoise et a eu un impact très fort ; les téléphones des responsables de la communauté de Cotonou ont sérieusement chauffé ! Beaucoup semblaient très intéressés et ne pensaient pas que cet événement qui se préparait était aussi important qu’il justifie une émission télévisée ! J’ai même rencontré deux personnes venues jusqu’à Segbohoué pour me rencontrer et en savoir plus sur Foi et Lumière !
Soeur Marie-Antoinette avec le père Jean-Raphaël
-          Entretien sur la mission de Foi et Lumière pour la radio "Immaculée Conception" par son responsable, le père Jean-Raphaël Marie, de la congrégation des Frères Franciscains de l’Immaculée. Il a été touché par notre rencontre et a proposé de faire enregistrer les temps d’enseignement, pour que les participants puissent emporter avec eux le CD de l’ensemble des conférences et des échanges qui s’en sont suivis. Il fallait voir, le dernier jour, le gravage des CD qui se faisait (quatre par quatre) en trois minutes ! Il est venu lui-même deux fois jusqu’à Segbohoué.
-          Visite à l’archevêque de Cotonou, Monseigneur Antoine Ganyé, qui vient de célébrer ses 20 ans d’épiscopat (le 20 août au cours d’une messe présidée par le Cardinal Robert Sarah et en présence de M Boni Yayi, président de la république). Cet entretien fut très simple et chaleureux et a porté principalement sur la valeur humaine et spirituelle des personnes ayant un handicap mental, sur la nécessité pour l’Église de reconnaître en elles une lumière qui peut nous éclairer nous-mêmes… et sur la nécessité de leur faciliter l’accès aux sacrements. Monseigneur Ganyé m’a dit avoir été sensible à mes propos.
-          Visite à la Révérende Mère Emma Gbaguidi, Supérieure Générale des Sœurs de Saint Augustin. Cette rencontre fut aussi un moment extrêmement joyeux, nous avons même été invités à dîner dans une ambiance très familiale. La sœur Marie-Antoinette a une supérieure qui la soutient bien dans ses activités auprès de Foi et Lumière !
En parallèle, la journée fut ponctuée par les péripéties des Camerounais dont le vol d’arrivée le lendemain allait sans doute tomber à l’eau, la compagnie Camair Co ayant quelques soucis qui l’obligeaient à annuler de nombreux vols ! Finalement, après de nombreux coups de fil avec le secrétariat à Paris et avec les Camerounais, le problème put être résolu, mais cela a nécessité beaucoup de sacrifices et engendré pas mal de frustrations… Les Camerounais n’ont finalement pu venir qu’à 11 au lieu de 23 et sont arrivés avec un jour de retard (pour neuf d’entre eux et deux pour les deux autres)… On peut facilement imaginer que les onze qui sont venus ont été tout de même heureux de pouvoir participer… et que les 12 qui sont restés au pays ont été bien malheureux (certains s’étaient fait faire un passeport pour l’occasion, s’étaient fait vacciner et avaient dû demander un visa)…
Le deuxième jour, nous avons pu rejoindre le lieu de la rencontre, le foyer de charité de Segbohoué, à une heure de route de Cotonou. Sur le trajet, Philippe et son fils Corneille nous ont emmené à Ouidah, célèbre (une bien triste mémoire) pour son centre de départ des esclaves vers l’Amérique. Il y a sur la plage un monument commémoratif, la porte dite du "non-retour". Curieusement, juste à côté de cette sinistre porte, il y en a une autre qui a été élevée en mémoire de l’arrivée des premiers missionnaires en avril 1861 qui marqua le début de l’évangélisation du pays.
Le foyer de charité de Segbohoué
Une fois l’installation effectuée, il était temps de démarrer la formation qui a duré du mercredi au soir jusqu’au dimanche après le déjeuner. Ce fut merveilleux de voir ces 60 personnes avides de mieux connaître Foi et Lumière : les nombreuses questions posées après chaque temps de parole permettaient de bien éclaircir tout ce que je n’avais pas pu dire et montraient que tous avaient bien écouté et étaient très désireux de revenir à la maison avec le maximum de choses pour partager avec le reste de la communauté, pour rendre compte dans chaque diocèse, pour avoir les moyens d’annoncer notre bonne et joyeuse nouvelle et faire grandir Foi et Lumière dans cette région du monde. Il y a eu comme dans toute rencontre Foi et Lumière :
-          des temps de partage : il y a eu des groupes de partage qui ont permis d’échanger les expériences de chacun, il y a eu des ateliers qui ont porté sur la préparation de la prochaine rencontre de communauté avec le nouveau carnet de route, et à chaque instant il se passait toujours quelque chose et les échanges ont été nombreux pendant les repas ou pendant les pauses.
-          des temps de fête, notamment le dernier soir a été consacré à la traditionnelle "fiesta" et ce genre d’événement est particulièrement bien réussi quand ça se passe en Afrique : danses, sketches, mimes, cuisine locale… tout était fait pour que chacun se sente bien avec le groupe. Il était difficile d’imaginer que tout ce petit monde ne se connaissait pas la semaine précédente !
-          des temps de prière avec les membres du foyer, une célébration du lavement des pieds (une première pour la plupart des participants), le chapelet récité à l’aides des "mystères de Foi et Lumière", des messes dont la dernière, la messe du dimanche, fut particulièrement animée… deux chorales avec des chants traditionnels africains, des processions (entrée, offertoire, sortie) accompagnées en rythme par des danseuses. La messe a duré assez longtemps… mais nous n’avons pas vu le temps passer !
Les temps d’enseignement (deux par jour) suivaient le texte de la prière de Foi et Lumière. Notre prière est très belle et permet, en la suivant du début jusqu’à la fin, d’aborder tous les thèmes que je souhaitais traiter : le mystère de la fragilité, la personne handicapée source de paix et d’unité, l’appel reçu à rejoindre une communauté (et l’invitation à appeler les autres), la communauté Foi et Lumière où on partage, prie et célèbre, les membres des communautés, la nécessité de toujours se nourrir de la Parole et de l’Eucharistie, la passion et la résurrection de Jésus comme source et sommet de nos vies de communauté.
L'atelier organisé pour les personnes handicapées
Un moment particulièrement émouvant fut les témoignages d’une personne de chacun des pays. La situation des enfants handicapés qui nous été présentée par ceux et celles qui les ont vécues est loin d’être enviable… Rosemary, du Nigeria, qui était présente à la session, vivait cachée par ses parents pour qui elle était une malédiction ; des membres de la communauté Foi et Lumière n’ont pas hésité à la sortir de là : pendant la session, toujours bien habillée, toujours souriante, elle a montré, au cours d’un atelier pour les personnes handicapées présentes, qu’elle pouvait faire de belles réalisations en enfilant de toutes petites perles !
Avant de partir, après la traditionnelle photo de famille, nous étions nombreux à échanger des adresses. Maintenant que nous avons rompu l’isolement, il n’est plus question de rester seuls ! Il y a des promesses de se revoir, de s’organiser pour qu’un jour, Foi et Lumière ayant tellement grandi, tous se retrouvent dans une nouvelle province, une province dynamique, portant de nombreux fruits, une structure construite sur une pierre d’angle solide !

Je dois remercier chacun des participants pour leur attention bienveillante, pour leur engagement et leur détermination à faire grandir Foi et Lumière, chacune des personnes handicapées pour leur présence toujours fidèle : elles nous ont bien aidé à saisir la raison de notre présence à Segbohoué. Je remercie tout particulièrement la sœur Marie-Antoinette qui a beaucoup fait sur place pour que tout se passe bien et pour que chacun se sente bien accueilli. Je remercie enfin le père Denis, du foyer de charité, qui nous a si bien accueillis : je suis toujours heureux de passer du temps dans un foyer de charité, il y a tant de choses que nous partageons…
Perpétue
L'album photo







mercredi 2 septembre 2015

A la recherche de Foi et Lumière en Zambie

Le père David Harold Barry est un homme merveilleux et très précieux pour Foi et Lumière ! Il a été aux origines de Foi et Lumière au Zimbabwe (il m'a montré la maison où Jean Vanier est venu et l'a convaincu ainsi que Remedio Fernandes de démarrer une communauté), et il s'est fait une spécialité de souffler sur les braises refroidies pour redémarrer les communautés dont on n'avait plus de nouvelles depuis longtemps... En 2014, il est allé au Nigeria et a rencontré une communauté dont on n'avait plus de nouvelles depuis longtemps ! Quatre d'entre eux seront début du 9 au 13 septembre à une formation à Cotonou. Maintenant que David habite en Zambie, il s'est fixé comme objectif de partir à la recherche des communautés disparues, après avoir été sur place à plusieurs reprises depuis le Zimbabwe. Et comme dans toutes les belles histoires, il y a une fin heureuse ! Voici le récit de sa récente visite à Kabwe. Merci David !

Le Père David, inlassable missionnaire de Foi et Lumière
Le 27 Août, je suis allé en bus jusqu'à Kabwe et Patrick Mulenga est descendu de Ndola. C'était merveilleux de le revoir. Avec Andrew Phiri maintenant à Chipata, ils sont les seuls "survivants" des responsables de Foi et Lumière que j'ai pu retrouver en Zambie ! Nous nous sommes rencontrés au Makululu, une banlieue de Kabwe où le Père Sax nous a présenté la sœur Amalia, une Italienne, qui  
Patrick traduit en Bamba
travaille au sein de la communauté dans une nouvelle paroisse. Une quarantaine de parents et leurs enfants ayant un handicap étaient rassemblés dans une salle de l'école maternelle pour nous accueillir et j'ai longuement parlé de Foi et Lumière et Patrick traduisait en Bemba, en y ajoutant ses propres réflexions.

Je connais, pour en avoir été le témoin, de nombreuses manières dont les gens manifestent leur reconnaissance, mais la manière des Bemba semble être de se rouler sur le sol en chantant et tapant des mains ! C'était très émouvant car ils semblaient tous voir en Foi et Lumière quelque chose de nouveau et d'inédit. Et ils estimaient que c'était vraiment nécessaire pour leur communauté. Ils sont déterminés à démarrer et Patrick et moi allons rester en contact avec eux. La soeur Amalia apportera son soutien comme la soeur Lucie du Centre Pastoral, que ceux d'entre nous qui sont allés à Kabwe il y a deux ans se souviendront.

Je joins quelques photos, mais pas, je le regrette, de cette dame roulant sur le sol ! Comme nous le savons tous, dans nos pays d'Afrique australe, nous rencontrons souvent beaucoup d'enthousiasme et de joie quand nous commençons Foi et Lumière. Mais il arrive souvent que l'enthousiasme baisse lorsque les difficultés de persévérer semblent plus importantes que les résultats qui sont constatés et ressentis. Comment pouvons-nous soutenir nos communautés afin qu'elles restent fidèles aux personnes vivant avec un handicap et à leurs parents?

Les parents sont très intéressés
Patrick et moi, nous avons bien l'intention de souffler sur les braises du feu ici et repartir. Il y a toujours eu des gens à Ndola qui sont restés à Foi et Lumière et nous prévoyons d'avoir une réunion de formation avec eux et les responsables de Kabwe et d'autres que nous pourrons découvrir. Time a gentiment accepté de venir nous rejoindre pour cet événement.

Prions pour Foi et Lumière dans tous nos pays et continuons à chercher des moyens pour construire et  reconstruire ; ainsi, nous pourrons continuer à tendre la main aux plus pauvres et souvent les plus oubliées des personnes.