lundi 11 juillet 2022

Charles de Foucauld, un saint pour Foi et Lumière ?

 


Le 15 mai 2022, à Rome, j’ai assisté avec Isabelle à la messe de canonisation de Charles de Foucauld, en mémoire de mon beau-père, officier de l’armée de terre, Saint-Cyrien de la promotion Charles de Foucauld. Ce fut une très belle célébration et la Place Saint-Pierre était pleine à craquer – il faut dire qu’ils étaient dix ce jour-là à devenir saints !

Plus je lis, plus j’écoute tout ce qui concerne le Saint Frère Charles, plus je me dis qu’il aurait bien aimé connaître Foi et Lumière, et je pense que, du haut du Ciel, il doit nous prodiguer beaucoup de grâces. Je voudrais illustrer cela par quelques exemples tirés de sa vie, de ses vies, je pourrais dire, car il en a vécu plusieurs… il a été fêtard, officier, explorateur, moine, prêtre, ermite ; et dans des horizons très divers, depuis Strasbourg jusqu’au Hoggar, en passant par le Maroc, la Terre Sainte, la Syrie.

A Nazareth, tout d’abord, il a découvert qu’il serait toute sa vie à la recherche de la dernière place, celle que Jésus a voulu prendre pour rejoindre les plus pauvres et les plus petits. La théologie de la dernière place, nous la connaissons bien quand nos amis ayant un handicap sont privés des bonnes places dans les églises, voire de l’accès aux sacrements. Nous apprécions beaucoup les mots de Saint Jacques dans sa lettre : « Écoutez donc, mes frères bien-aimés ! Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour en faire des riches dans la foi, et des héritiers du Royaume promis par lui à ceux qui l’auront aimé ? » (Jc 2, 5).

Un autre trait de la personnalité de Saint Charles fut sa proximité avec Jésus, il voulait s’abandonner au Père comme Jésus l’a fait à Gethsémani. Toute sa vie, il a voulu être proche de ceux qu’il rencontrait comme il se voulait proche de Jésus dans sa prière, se reposer sur son cœur, comme ce cœur rouge cousu sur son habit. Nous aussi, nous pouvons dire que, dans nos communautés, nous ne faisons pas grand-chose pour, car nous préférons être avec.

Toute la vie de Charles a été habitée par une grande tension, entre la volonté de tout donner pour suivre Jésus d’une part, et l’incertitude de ce que Jésus attendait de lui d'autre part. Il lui fallait être toujours attentif à ce que Jésus attendait de lui, sans toujours savoir quoi… d’où de grandes valses-hésitations entre les différentes périodes de sa vie… Oui, je veux être moine pour vivre avec les plus pauvres, non, je ne veux pas être prêtre pour ne pas mettre de barrières vis-à-vis de ceux dont je me veux proche, oui je veux être prêtre pour pouvoir rendre Jésus présent… L’histoire de Foi et Lumière est aussi pleine de ces rebondissements. Nombre de prévisions d’implantations de communautés n’ont pas été concrétisées, mais par contre elles sont nées là où nous ne les attendions pas ! Comme le dit par exemple Marie-Hélène dans son livre "Plus jamais seuls", Foi et Lumière devait démarrer au Burundi, mais c’est au Rwanda que ça a marché (et au Burundi quelques années plus tard). Je suis allé au Bénin pour répondre à l’invitation de quelques jeunes qui n’ont pas fait ce qui était attendu d’eux, mais une religieuse rencontrée presque par hasard, a fait démarrer Foi et Lumière dans le pays !

Il y aurait encore bien des choses à dire sur ce grand saint... Un dernier souvenir me revient en tête… le 15 octobre 2008, juste avant le vote pour élire le nouveau coordinateur international, je me souviens que l’on m’a tendu un micro pour me demander – comme aux autres - si j’avais une dernière chose à dire, et j’ai le souvenir d’avoir répondu en citant la prière d’abandon de Charles de Foucauld : « Fais de moi ce qu’il te plaira, je suis prêt à tout, j’accepte tout. » Saint Charles, veille sur nous !