jeudi 12 avril 2012

Bientôt un nouveau Saint Jérôme ?


Depuis la mort du professeur Jérôme Lejeune, le 3 avril 1994, au matin de Pâques, sa famille et ses amis organisent chaque année une "Messe pour la Vie", en mémoire de l’engagement sans faille de ce grand homme.
Hier, 11 avril, cette messe avait lieu à Notre-Dame de Paris, là où avait eu lieu sa messe d’enterrement il y a 18 ans. Et cette année, la messe a été précédée d’une cérémonie un peu particulière, la "Clôture de l’enquête diocésaine de la Cause de béatification et de canonisation du Serviteur de Dieu Jérôme Lejeune" ! Monseigneur Xavier Rambaud, promoteur de justice (autrefois appelé avocat du diable) a été interrogé par Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort qui présidait la cérémonie ; Dom Jean-Charles Nault, abbé de Saint Wandrille, postulateur de la cause, a prêté serment et 12 caisses de documents collectés pendant plus de quatre années de travail, ont été scellées. Elles vont être transmises à la Congrégation pour la cause des saints qui déterminera si un procès de béatification peut être ouvert.

Toute cette cérémonie, ainsi que les vêpres et la messe qui ont suivi, ont été très belles et émouvantes. Même si je n’ai jamais connu personnellement le professeur Jérôme Lejeune, je l’ai entendu au pèlerinage de Lourdes en 1991 : je me souviens de son expression extrêmement claire et de sa voix très douce. Je comprends pourquoi toutes les personnes trisomiques qui allaient à sa consultation l’aimaient tant ! Comme François-Marie, qui le jour de son enterrement, s’est exclamé en voyant l’image souvenir posée sur les chaises : « Oh ! Mon cher professeur ! ». Il avait été associé à la préparation du premier pèlerinage de Foi et Lumière en 1971 : "il avait suggéré d’inclure dans le programme un colloque de médecins et d’éducateurs sur le thème « Les répercussions psychologiques du rejet ou de l’accueil pour le handicapé mental » […] et il a accepté d’en assurer l’animation. "[1]

Il représente pour moi, qui suis de formation scientifique, un modèle : tous ses travaux ont été menés avec une très grande humilité, et ce qu’il voyait, à travers les instruments qu’il utilisait, était toujours une source d’émerveillement, comme si ce qu’il découvrait lui était confié par le Créateur lui-même ! Et aucune des méthodes utilisées n’était destructrice. Je n’imagine pas une seconde Jérôme Lejeune effectuer des travaux de recherche sur des embryons, et encore moins l’entendre parler "d’amas de cellules" pour désigner un enfant à naître. Au contraire, il disait : "la génétique moderne se résume à un credo élémentaire qui est celui-ci : Au commencement il y a un message, ce message est dans la vie et ce message est la vie. " L’ADN des premières cellules qui démarrent le processus vital est parfaitement distinct des ADN des deux parents et contient ce "message" qui rendra cet être humain unique !

Toute la dignité de Jérôme Lejeune aura été de se montrer très respectueux de ses découvertes devant lesquelles il s’est certainement senti tout petit… Cela lui aura valu beaucoup de désagréments, car il allait à contre-courant de bien des idées reçues à l’époque… et lui aura coûté le prix Nobel qu’il aurait pourtant mérité ! Ca ne lui aura pas permis de laisser son nom pour désigner les personnes trisomiques : si en français le mot de "mongolien" a été remplacé par trisomique, dans la grande majorité des autres langues, on continue à dire le syndrome de Down, du nom d’un médecin anglais aux théories bien peu glorieuses… Alors, pourquoi ne pourrait-on pas changer ce nom et le remplacer par le Syndrome de Lejeune ? Ca serait un hommage bien mérité  pour ce grand savant qui sera peut-être (je l’espère bientôt) un saint !



[1] "Plus jamais seuls, l’aventure de Foi et Lumière", page 94

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