jeudi 8 décembre 2011

Foi et Lumière il y a 100 000 ans !!

J’ai trouvé l’histoire de la première communauté Foi et Lumière dans un récit de Xavier Le Pichon, chercheur, professeur honoraire au Collège de France et membre de l'Arche. Cette histoire est très belle et nous rappelle combien la rencontre avec la personne faible, l’attention portée aux plus fragiles d’entre nous est constitutive de notre humanité.


Au cours de fouilles faites dans les années 50 dans une caverne in Iraq, une série de tombes de Néanderthaliens datant d’une centaine de milliers d’années a été découverte. L’un des squelettes était celui d’un homme d’une quarantaine d’années, appelé "homme de Shanidar", qui était si profondément handicapé qu’il n’aurait pas pu vivre sans le support du groupe auquel il appartenait. Ralph Solecki, auteur de cette découverte a écrit : « Cet homme manchot, borgne et estropié n’avait aucune possibilité de contribuer à acquérir sa propre nourriture par la chasse ou la cueillette. Qu’il ait survécu durant des années est un témoignage de la compassion et de l’humanité des Néanderthaliens ». 
Depuis, d’autres découvertes ont confirmé que l'homme de Shanidar n’était pas une exception et que les Néanderthaliens nourrissaient les membres de leur communauté trop handicapés pour contribuer à la recherche de leur propre nourriture et en prenaient soin de manière générale. Pour survivre, il avait fallu que ces personnes soient complètement prises en charge par leur communauté. Et quelles étaient ces communautés ? Elles ne devaient pas comprendre plus de quinze à vingt personnes vivant de la chasse et de la cueillette sans campement permanent. Chaque jour, il fallait se déplacer pour trouver de nouvelles ressources. Il est difficile d’imaginer les efforts déployés durant ces nombreuses années pour transporter ces personnes de camp en camp, pour les nourrir, et simplement pour leur permettre de survivre. Pourquoi ces petits groupes prirent-ils la décision qui nous apparaît complètement folle de complètement réorganiser leur vie autour de ces proches profondément handicapés pour qu’ils puissent survivre ? Que recevaient-ils en échange pour continuer à le faire pendant des années ? Pourquoi décidèrent-ils de l’enterrer ? Enterrer une personne était la marque d’un respect très particulier. L’homme de Shanidar nous montre que l’expérience de l’accueil d’une personne souffrante est au cœur de notre identité d’humain depuis notre toute première origine. De fait je pense que c’est dans cet accueil que nous nous faisons l’un à l’autre le don de notre humanité. Notre humanité est une potentialité que nous devons découvrir pour la faire grandir et cette découverte ne peut se faire qu’au cours de ces expériences de rencontre avec la personne souffrante. Et c’est ce don mutuel qui est à la fois le fruit et la récompense de la rencontre.

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