lundi 12 décembre 2011

Joyeux Noël !

Autrefois en France, quand le budget n’avait pas été voté avant la fin de l’année, on arrêtait symboliquement les pendules du Parlement jusqu’à ce que le vote soit acquis.
A Foi et Lumière, nous arrivons à la fin de 2011 et toutes les célébrations de notre 40ème anniversaire ne sont pas terminées… alors, nous aussi, nous allons arrêter les pendules ! Pas seulement pour quelques heures, mais pour plusieurs mois : jusqu’à la Toussaint 2012, nous serons encore en 2011 !!
Il fallait bien 21 mois pour fêter cet anniversaire !
Tout a commencé à Lourdes où nous étions rassemblés avec les coordinateurs de province : le jour de la fête de la Lumière, nous avons allumé un grand feu destiné à briller jusqu’aux extrémités de la terre et chaque coordinateur est reparti, avec une lanterne et une bannière toute neuve, en messager de la joie vers les communautés de sa province. Tout se terminera en novembre 2012 pour les deux derniers pèlerinages programmés à Banneux (Belgique) et à Ars (France). Au milieu de ces 21 mois de fête, il y a Noël qui doit avoir pour nous tous une saveur particulière car le 25 décembre 2011 sera le centre et le point culminant de nos fêtes d’anniversaire… Nous partirons pour un autre pèlerinage et irons fêter l’anniversaire de Jésus, qui est un anniversaire bien plus important que celui de Foi et Lumière, nous accueillerons Celui qui est venu s’incarner dans le cœur de chacun d’entre nous, pour nous révéler son humilité et nous manifester sa puissance et sa gloire à travers la pauvreté et la fragilité, pour que nous soyons, à sa suite, des princes de la Paix.

"Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage." (Ps. 33, 6)
Comme action de grâces pour toutes les joies déjà vécues depuis février 2011, je voudrais que nous apportions au petit Jésus de la Crèche, enfant humain, nu, fragile et complètement dépendant de ses parents, tous les beaux cadeaux reçus cette année :
- les nombreux pèlerinages qui ont déjà eu lieu depuis Waikanae en Nouvelle Zélande jusqu’à Deir Dronka en Egypte, qui ont rassemblé au total plus de 7000 personnes. Ils ont eu lieu à Aparecida (Brésil), Lourdes (deux fois, à Pâques et en juillet), Paola (Italie), Loreto (Italie), Steyl (pays Bas), Paray-le-Monial (France), Loreto et Rome (Italie), Sumuleu Ciuc (Roumanie), Antananarivo et Antsirabe (Madagascar), Lady of the Snows (USA), Półczno/Sianowo (Pologne), Nara (Japon), Santiago (Espagne). Il y a eu également des pèlerinages de communauté au Soudan, au Cameroun, au Zimbabwe… Des pays ont fêté d’autres anniversaires comme les 20 ans de Tikėjimas ir Šviesa en Lituanie, les 25 ans de Fe y Luz au Honduras…
- le livre de Marie-Hélène, tant attendu, nous permet de revivre notre histoire sainte et de nous replonger dans les origines de notre mouvement. Il est indispensable de bien connaître l’intuition des origines et le travail de nos fondateurs pour bien vivre la mission qui nous est confiée.
- la participation à la rencontre d’Assise en octobre fut une confirmation de la mission prophétique de Foi et Lumière pour la paix. L’accueil de la personne fragile dans nos communautés est un signe que les différences sont un enrichissement quand elles sont vécues dans l’amitié et la fraternité, qu’elles ne doivent pas nous faire peur.

"Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses." (Ps. 33, 7)
Je voudrais que nous présentions aussi à Jésus tout ce que nous avons vécu de plus difficile, car tout n’a pas été rose cette année…
- la création d’un nouveau pays, le Soudan Sud a vu beaucoup de familles engagées dans Foi et Lumière quitter leur maison pour aller dans ce nouveau pays. Les évêques et les paroisses ont été prévenus pour que des communautés puissent démarrer très vite.
- Il y a eu un gros tremblement de terre à Christchurch (Nouvelle Zélande) qui faisait suite à un autre en 2010 et beaucoup de membres des communautés locales ont subi des dégâts importants.
- Même si les communautés du Japon sont localisées à Tokyo ou au sud de Tokyo, le tremblement de terre, le tsunami et les accidents nucléaires ont durement frappé le pays. Deux aumôniers de Foi et Lumière ont passé plusieurs semaines dans une paroisse du nord du pays pour leur apporter soutien et réconfort.
- Les événements du Moyen Orient en Egypte et en Syrie ont obligé les provinces à reporter les pèlerinages programmés à Deir Dronka, sur les bords du Jourdain (Jordanie) et à Said Naya (Syrie). La province d’Egypte Sud a pu reprogrammer le pèlerinage en novembre qui fut très réussi ! Plus de 500 participants ont pu fêter et célébrer la joie des 40 ans de Foi et Lumière sur les lieux où la Sainte Famille s’est réfugiée.
Alors, en cette veille de la deuxième moitié de notre année d’anniversaire, je vous souhaite une très bonne année 2012 ! Poursuivons la fête ! Et pour conclure, je cite ce qu’a dit l’évêque de Minya (Egypte) à la fin du pèlerinage de Deir Dronka : « C’est dans les moments de souffrance, de peur, de précaution… que Jésus sème sa joie, sa paix dans les coeurs !... A travers ‘ses petits ‘, il crée l’unité entre tant de rites, de pays, de villages si différents !... »

jeudi 8 décembre 2011

Foi et Lumière il y a 100 000 ans !!

J’ai trouvé l’histoire de la première communauté Foi et Lumière dans un récit de Xavier Le Pichon, chercheur, professeur honoraire au Collège de France et membre de l'Arche. Cette histoire est très belle et nous rappelle combien la rencontre avec la personne faible, l’attention portée aux plus fragiles d’entre nous est constitutive de notre humanité.


Au cours de fouilles faites dans les années 50 dans une caverne in Iraq, une série de tombes de Néanderthaliens datant d’une centaine de milliers d’années a été découverte. L’un des squelettes était celui d’un homme d’une quarantaine d’années, appelé "homme de Shanidar", qui était si profondément handicapé qu’il n’aurait pas pu vivre sans le support du groupe auquel il appartenait. Ralph Solecki, auteur de cette découverte a écrit : « Cet homme manchot, borgne et estropié n’avait aucune possibilité de contribuer à acquérir sa propre nourriture par la chasse ou la cueillette. Qu’il ait survécu durant des années est un témoignage de la compassion et de l’humanité des Néanderthaliens ». 
Depuis, d’autres découvertes ont confirmé que l'homme de Shanidar n’était pas une exception et que les Néanderthaliens nourrissaient les membres de leur communauté trop handicapés pour contribuer à la recherche de leur propre nourriture et en prenaient soin de manière générale. Pour survivre, il avait fallu que ces personnes soient complètement prises en charge par leur communauté. Et quelles étaient ces communautés ? Elles ne devaient pas comprendre plus de quinze à vingt personnes vivant de la chasse et de la cueillette sans campement permanent. Chaque jour, il fallait se déplacer pour trouver de nouvelles ressources. Il est difficile d’imaginer les efforts déployés durant ces nombreuses années pour transporter ces personnes de camp en camp, pour les nourrir, et simplement pour leur permettre de survivre. Pourquoi ces petits groupes prirent-ils la décision qui nous apparaît complètement folle de complètement réorganiser leur vie autour de ces proches profondément handicapés pour qu’ils puissent survivre ? Que recevaient-ils en échange pour continuer à le faire pendant des années ? Pourquoi décidèrent-ils de l’enterrer ? Enterrer une personne était la marque d’un respect très particulier. L’homme de Shanidar nous montre que l’expérience de l’accueil d’une personne souffrante est au cœur de notre identité d’humain depuis notre toute première origine. De fait je pense que c’est dans cet accueil que nous nous faisons l’un à l’autre le don de notre humanité. Notre humanité est une potentialité que nous devons découvrir pour la faire grandir et cette découverte ne peut se faire qu’au cours de ces expériences de rencontre avec la personne souffrante. Et c’est ce don mutuel qui est à la fois le fruit et la récompense de la rencontre.