mardi 21 juin 2016

Urbi et orbi

Il s’est passé des choses assez extraordinaires à Rome les 11 et 12 juin à l’occasion du jubilé des malades et des personnes handicapées qui se tenait dans le cadre du jubilé extraordinaire de la Miséricorde. Foi et Lumière a été acteur et témoin de ces événements exceptionnels.
Acteur, car cela faisait déjà un an que ces journées se préparaient avec le conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation ; son président, Monseigneur Rino Fisichella, avait tenu à associer quelques mouvements à son organisation. C’est ainsi que Foi et Lumière et l’Arche ont participé à de nombreuses réunions de travail pour mettre sur pied le programme de ces deux jours.
Julie intervient pendant la catéchèse
Témoin, car outre une importante délégation d’Italiens (qui se sont encore une fois fortement mobilisés un an seulement après leur grand pèlerinage des 40 ans), il y avait de petites délégations venues de France (j’étais venu avec Isabelle et Julie), des USA et de Slovénie ; le père Isaac était présent également. Plusieurs catéchèses spécialisées ont été proposées en différentes langues et même en langage des signes : pour Foi et Lumière et l’Arche, nous nous sommes retrouvés dans l’église Sant’Andrea della Valle dans le vieux Rome avec Monseigneur Gérard Daucourt, évêque émérite de Nanterre (France). Le Père Gérard, comme il aime être appelé, passe une semaine par mois à Trosly pour des retraites ; il a déjà animé à plusieurs reprises des catéchèses lors de JMJ (Paris, Rome et bientôt à Cracovie) et il aime donner la parole aux personnes ayant un handicap car il dit que “ce sont elles qui nous évangélisent”. Après un très beau mime de l’Évangile du père miséricordieux préparé par l’Arche du Chicco, près de Rome, dans lequel les deux frères étaient représentés par des personnes handicapées en fauteuil, il y a eu la catéchèse proprement dite, un temps où tous ceux qui ont voulu s’exprimer ont pu le faire.
Au même moment, dans la salle Paul VI, le Pape François assistait au Congrès pour les personnes handicapées, organisé par la Conférence épiscopale italienne à l’occasion du 25ème anniversaire de la fondation de la catéchèse spécialisée en Italie. Et là, comme cela arrive souvent, le pape François a laissé de côté son discours officiel et a préféré réagir à des situations est des questions, comme celle de Serena, jeune fille trisomique qui a demandé pourquoi elle n’était pas accueillie dans sa paroisse. Il a qualifié cette attitude d’une manière très ferme : « c’est de la discrimination, une vraiment très mauvaise chose ! ». Il a beaucoup insisté sur l’accueil et l’accès aux sacrements qui devraient être proposés à tous sans exclusion. Son discours a été distribué aux participants et mérite d’êtrelu et diffusé largement.
Une actrice du mime
L’après-midi, c’était le temps de passer la porte sainte ; mais en même temps, il y avait la préparation du mime de l’Évangile de la messe du lendemain : un mime proposé par Foi et Lumière, c’est la première fois, de toute l’histoire, qu’un mime est prévu pendant une messe place Saint Pierre ! Et ce mime est préparé et réalisé par Foi et Lumière ! Julie a eu le grand honneur d'y participer. Nous avons cependant pu nous éclipser un moment pour rejoindre un groupe qui allait passer la porte sainte et Julie a très vite regagné son groupe. Je suis ensuite allé jusqu’aux studios de Radio Vatican pour une interview où je me suis exprimé sur le thème “Miséricorde et handicap”. La fin de l’après-midi était consacrée à un rassemblement des mouvements au château Saint Ange où le stand de l’Arche et de Foi et Lumière a été très fréquenté.
Tous à bord de la barque avec Isabelle et Julie
Julie et son laisser-passer d'artiste
Après un très bon dîner qui a rassemblé tous les participants de Foi et Lumière, il a fallu vite retourner dans nos logements car le départ pour la place Saint Pierre était programmé à 7h00 le lendemain matin. Nous sommes donc arrivés très tôt et avons pu rejoindre nos places : Julie avec son passe d’artiste est partie avec ceux qui allaient présenter le mime, d’autres sont allés sur les sièges à droite de l’autel, et quelques dix privilégiés, dont quatre personnes ayant un handicap étaient tout devant pour pouvoir saluer le pape François après la messe… La messe a été précédée d’un temps de témoignages dont celui de Jean Vanier qui avait été enregistré à Trosly. La messe a commencé et le grand moment tant attendu est enfin arrivé. Un mime d’Évangilesur la place Saint Pierre, du jamais-vu, et c’est Foi et Lumière qui le présente ! La synchronisation avec la lecture du diacre était parfaite, les acteurs tous excellents et on a très bien vu Marie-Madeleine mouiller les pieds de Jésus de ses larmes, les essuyer avec ses cheveux et y verser un parfum de grand prix ; l’indignation de Simon le pharisien était très visible et les explications de Jésus très claires ! L’homélie du pape qui a suivi était aussi très forte, il a proposé que nous utilisions, face à nos limites, la thérapie du sourire, « Jésus est le médecin qui guérit avec le médicament de l’amour ».
La messe
« Quelle illusion vit l’homme d’aujourd’hui lorsqu’il ferme les yeux face à la maladie et au handicap ! Il ne comprend pas le vrai sens de la vie, qui comporte aussi l’acceptation de la souffrance et de la limite. Le monde ne devient pas meilleur, parce que composé uniquement de personnes apparemment “parfaites”, pour ne pas dire “maquillées”, mais lorsque la solidarité entre les hommes, l’acceptation réciproque et le respect croissent. Comme sont vraies les paroles de l’apôtre : « Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort » (1 Co 1, 27) ! ».
Bravo Foi et Lumière !
Après la messe, ce fut la joie de pouvoir saluer le pape, de voir avec quelle simplicité il embrassait les personnes handicapées. J’ai pu, en parlant très vite et en espagnol, lui dire combien ses paroles de la veille sur l’accès des personnes handicapées aux sacrements étaient belles et confirmaient notre mission ; il a levé le pouce en signe d’approbation !

Ces deux jours furent vraiment très beaux et riches de tout ce qui s’est passé. Il est très important, après avoir participé à la préparation de ces journées jubilaires et en avoir été les acteurs, après avoir assisté à tous ces beaux événements en tant que témoins, nous fassions largement écho des paroles dites par le pape François au sein de Foi et Lumière. Ce qui a été dit à Rome (urbi) doit être annoncé au monde (orbi).






Un petit tango place Saint Pierre

mercredi 8 juin 2016

Père Jacques Cuche, un infatigable aumônier

Une grande fête !
Ce n’est pas fréquent de pouvoir assister à la messe d’action de grâce d’un prêtre qui fête ses 70 ans de sacerdoce. De plus, quand c’est un aumônier qui a eu un rayonnement exceptionnel, c’est un événement qu’il ne fallait pas rater !
Le père Jacques Cuche a été ordonné prêtre le samedi saint 20 avril 1946 en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il a très vite rencontré des familles au sein desquelles la présence d’un enfant handicapé, outre la blessure que cela représente pour des parents, pour des frères et sœurs, génère des souffrances supplémentaires quand ils ne sont pas accueillis au sein de l’Église. Dès 1954, à Lourdes, il a rencontré ces familles qui vivaient les difficultés de se voir mal accompagnés dans ce grand site marial. En septembre 1961, par un heureux concours de circonstances, encore à Lourdes, il a célébré la messe au cours de laquelle Bertrand, un garçon lourdement handicapé a reçu la communion pour la première fois. Les autres pèlerins du diocèse avec qui il était venu à Lourdes (ses parents l’avaient abandonné) avaient refusé d’assister à cette célébration : « ça ne se fait pas ; il ne comprend rien ; on brade l’Eucharistie ! ». Le père Jacques Cuche, au contraire, ne se voyait pas "excommunier" Bertrand alors que son regard lumineux démontrait avec quelle intensité il accueillait Jésus Eucharistie en lui.


Dix ans plus tard, le premier pèlerinage Foi et Lumière avait lieu à Lourdes. Inutile de dire combien le père Jacques Cuche a été touché par cette démarche ! Il est devenu très vite un aumônier de communauté : il a été un infatigable promoteur des communautés Foi et Lumière, il en a fondé trois, a été aumônier de quatre (Notre-Dame de l’Assomption, le Sycomore, le Petit Prince, Cœur de Jésus et de Marie) et son plus grand bonheur était de préparer et d’amener les enfants handicapés à Jésus, prêt à déplacer les montagnes pour cela.
Des membres des quatre communautés étaient présents le dimanche 5 juin et la messe fut célébrée dans une grande joie. Nombreux étaient ceux qui avaient pu communier pour la première fois ou être confirmés grâce au père Cuche !


Merci père Cuche, Foi et Lumière vous doit beaucoup ! A votre suite, nous allons ouvrir les toits pour amener nos amis ayant un handicap mental aux pieds de Jésus et que cette démarche de foi issue de nos communautés fasse briller la lumière de notre bonne nouvelle le plus largement possible ! Magnificat, Alleluia !