mercredi 9 novembre 2022

La grande fête des 50 ans à Lourdes

 

Que de joie !

La grande fête des 50 ans de Foi et Lumière aura duré près de deux ans, comme en 2011-2012, mais pas pour les mêmes raisons. Cette fois, c’est un méchant virus qui nous a empêchés de fêter notre jubilé comme nous l’aurions souhaité ! Les dernières célébrations jubilaires ont eu lieu à Alexandrie, Fatima et Lourdes, et terminent ainsi un grand festival de pèlerinages tous aussi réussis les uns que les autres.

J’aurai participé à deux pèlerinages, bien différents l’un de l’autre. Le premier était une grande première, un pèlerinage par Zoom ! Il a eu lieu le jour de la Pentecôte 2021, soit 50 ans et 50 jours après celui de 1971. Il était organisé par la province Couleurs d’Asie. J’ai pu revoir des visages amis et j’en ai été très heureux ; mais rien ne remplace un contact "en vrai", une embrassade virtuelle ne sera jamais comme celles que l’on se donne à Foi et Lumière ! Le second pèlerinage, un vrai, a eu lieu à Lourdes fin octobre 2022, comme en 1971, avec plus de 3000 pèlerins venus de France et de Belgique. On ne peut le comparer à celui de 1971 (12000 pèlerins venus de 15 pays) ou à celui de 2001 (16000 pèlerins venus de 73 pays), mais ce fut un temps incroyablement riche en rencontres ou en retrouvailles.

Le thème était, comme pour tous les autres pèlerinages, "un trésor à partager". Nous avons donc participé à une grande chasse au trésor pour tenter de découvrir les clés de ce trésor. Elles n’étaient pas très compliquées à trouver, car elles sont toujours très présentes dans nos rencontres de communauté : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, douceur, maîtrise de soi, fraternité, compassion, pardon, enthousiasme, courage, prière et confiance. On y retrouve, sans surprise, huit des neuf fruits de l’Esprit (Ga 5, 22-23) qui souffle régulièrement dans la voile de la petite barque de Foi et Lumière (le thème de la rencontre internationale de 2008 était "dans le sillage de l’Esprit" et nous avions alors ajouté une voile à notre barque). L’Esprit a soufflé très fort à Lourdes et je crois que, parmi toutes les clés de notre trésor, il y a un "passepartout", qui est l’enthousiasme (étymologiquement, cela signifie un transport de l’âme d’inspiration divine). Il suffisait de regarder les visages, les sourires de chacun, pour voir combien cet événement a comblé de joie tous les pèlerins. Le programme était chargé, mais, même si la fatigue pouvait apparaître à certains moments, elle était vite oubliée dès qu’il s’agissait de chanter, de danser, de prier, de participer à toutes les activités proposées. Les chants du pèlerinage ont été maintes fois repris : Viens danser avec moi ; Merci, Jésus ou Foi et Lumière a 50 ans, sans oublier Amis, chantons notre joie, qui a été entonné, à la grande joie de tous, par… Marie-Hélène Mathieu qui a tenu à être avec nous pour cette grande fête. A 93 ans, elle nous a montré combien elle était heureuse d’être venue à Lourdes - encore une fois - pour être avec son enfant chéri, Foi et Lumière.

Nous avons aussi été privilégiés d’avoir avec nous notre évêque référence, Monseigneur Jacques Benoit-Gonnin, qui a tenu à être présent pendant tout le temps du pèlerinage. Il nous a parlé avec simplicité et je pense que nous lui avons fait autant de bien que lui nous en a fait. Événement magnifique, temps de grâce, le cœur fond, sont des mots qu’il a employés ; mais surtout, il a dit aux personnes ayant un handicap : « Votre mission est immense. Vous aidez l’humanité à être plus humaine, vous nous dites : si vous m’accueillez, vous accueillez Jésus, si vous m’éliminez, vous éliminez Jésus ! »

Au bout de ces si belles journées pleines de force, d’amour et de joie, nous sommes devenus des temples du Saint Esprit ! Mais tout événement, aussi beau soit-il, a une fin. Il faut fermer les valises et reprendre le train, le car, la voiture pour rentrer à la maison. Comment peut-on faire après un tel événement pour retourner à la vie d’avant ? Ça paraît impossible ! Nous ne sommes pas venus à Lourdes pour une commémoration, pour seulement nous souvenir de ce qui s’était passé en 1971… nous étions à Lourdes pour aller à la source de Foi et Lumière, pour comprendre comment ce pèlerinage a mis le feu au monde et s’est propagé jusque dans près de 90 pays sur les 5 continents, comment, encore aujourd’hui, des provinces et des communautés naissent comme en Afrique de l’Ouest. Et nous repartons en mission pour porter ce feu, notre trésor autour de nous, pour dire que Foi et Lumière peut faire du bien à tant de familles, d’amis et d’aumôniers qui nous attendent, Alors, nous allons nous mettre en route sans tarder. L’Esprit a soufflé très fort à Lourdes et Il va nous aider dans notre mission : faire connaître Jésus, comme l’ont fait les premiers apôtres quand ils ont quitté les bords du Jourdain après le baptême de Jésus. Nous, nous étions au bord du Gave, et nous y avons rencontré Jésus, grâce à Bernadette, grâce à Loïc et Thaddée, ces "petits" qui ont permis de changer tant de choses à Lourdes, en 1858 et en 1971. Oui, allons témoigner et partager notre trésor ! La dernière soirée fut plus calme et des nouveaux chants sont arrivés comme sur la pointe des pieds : Ne crains pas, je suis ton Dieu. C’est moi qui t’ai choisi, appelé par ton nom. Tu as du prix à mes yeux et je t’aime. Ne crains pas, car je suis avec toi. Ces paroles inspirées par le livre d’Isaïe ont dû résonner longtemps dans la tête des pèlerins dans la courte nuit qui a suivi. Et chacun a pu commencer sa route de retour avec en tête la certitude d’être aimé de Dieu, qu’Il sera toujours avec nous pour accomplir la mission qu’Il nous confie : faire connaître la bonne nouvelle de Foi et Lumière autour de nous,  à temps et à contretemps, aller annoncer l’Évangile de la petitesse, celui dans lequel résonnent tout particulièrement les paroles de Jésus qui nous touchent comme : « Si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux. » (Mt 18, 3).

lundi 11 juillet 2022

Charles de Foucauld, un saint pour Foi et Lumière ?

 


Le 15 mai 2022, à Rome, j’ai assisté avec Isabelle à la messe de canonisation de Charles de Foucauld, en mémoire de mon beau-père, officier de l’armée de terre, Saint-Cyrien de la promotion Charles de Foucauld. Ce fut une très belle célébration et la Place Saint-Pierre était pleine à craquer – il faut dire qu’ils étaient dix ce jour-là à devenir saints !

Plus je lis, plus j’écoute tout ce qui concerne le Saint Frère Charles, plus je me dis qu’il aurait bien aimé connaître Foi et Lumière, et je pense que, du haut du Ciel, il doit nous prodiguer beaucoup de grâces. Je voudrais illustrer cela par quelques exemples tirés de sa vie, de ses vies, je pourrais dire, car il en a vécu plusieurs… il a été fêtard, officier, explorateur, moine, prêtre, ermite ; et dans des horizons très divers, depuis Strasbourg jusqu’au Hoggar, en passant par le Maroc, la Terre Sainte, la Syrie.

A Nazareth, tout d’abord, il a découvert qu’il serait toute sa vie à la recherche de la dernière place, celle que Jésus a voulu prendre pour rejoindre les plus pauvres et les plus petits. La théologie de la dernière place, nous la connaissons bien quand nos amis ayant un handicap sont privés des bonnes places dans les églises, voire de l’accès aux sacrements. Nous apprécions beaucoup les mots de Saint Jacques dans sa lettre : « Écoutez donc, mes frères bien-aimés ! Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour en faire des riches dans la foi, et des héritiers du Royaume promis par lui à ceux qui l’auront aimé ? » (Jc 2, 5).

Un autre trait de la personnalité de Saint Charles fut sa proximité avec Jésus, il voulait s’abandonner au Père comme Jésus l’a fait à Gethsémani. Toute sa vie, il a voulu être proche de ceux qu’il rencontrait comme il se voulait proche de Jésus dans sa prière, se reposer sur son cœur, comme ce cœur rouge cousu sur son habit. Nous aussi, nous pouvons dire que, dans nos communautés, nous ne faisons pas grand-chose pour, car nous préférons être avec.

Toute la vie de Charles a été habitée par une grande tension, entre la volonté de tout donner pour suivre Jésus d’une part, et l’incertitude de ce que Jésus attendait de lui d'autre part. Il lui fallait être toujours attentif à ce que Jésus attendait de lui, sans toujours savoir quoi… d’où de grandes valses-hésitations entre les différentes périodes de sa vie… Oui, je veux être moine pour vivre avec les plus pauvres, non, je ne veux pas être prêtre pour ne pas mettre de barrières vis-à-vis de ceux dont je me veux proche, oui je veux être prêtre pour pouvoir rendre Jésus présent… L’histoire de Foi et Lumière est aussi pleine de ces rebondissements. Nombre de prévisions d’implantations de communautés n’ont pas été concrétisées, mais par contre elles sont nées là où nous ne les attendions pas ! Comme le dit par exemple Marie-Hélène dans son livre "Plus jamais seuls", Foi et Lumière devait démarrer au Burundi, mais c’est au Rwanda que ça a marché (et au Burundi quelques années plus tard). Je suis allé au Bénin pour répondre à l’invitation de quelques jeunes qui n’ont pas fait ce qui était attendu d’eux, mais une religieuse rencontrée presque par hasard, a fait démarrer Foi et Lumière dans le pays !

Il y aurait encore bien des choses à dire sur ce grand saint... Un dernier souvenir me revient en tête… le 15 octobre 2008, juste avant le vote pour élire le nouveau coordinateur international, je me souviens que l’on m’a tendu un micro pour me demander – comme aux autres - si j’avais une dernière chose à dire, et j’ai le souvenir d’avoir répondu en citant la prière d’abandon de Charles de Foucauld : « Fais de moi ce qu’il te plaira, je suis prêt à tout, j’accepte tout. » Saint Charles, veille sur nous !