dimanche 11 avril 2021

12 avril 1971 – 12 avril 2021 Foi et Lumière a 50 ans !

 Le pèlerinage organisé à Lourdes en 1971 était, au départ, une réaction à ce qu’avaient vécu Gérard et Camille Proffit, les parents de Loïc et Thaddée. Venus à Lourdes pour présenter leurs enfants lourdement handicapés à Marie, ils avaient entendu au sein du sanctuaire la foule leur dire : "quand on a des enfants comme ça, on reste chez soi !"[1]. Cette foule leur demandait de rester confinés à la maison et de suivre scrupuleusement les gestes barrières ; on ne sait jamais, ces enfants étaient peut-être porteurs d’un virus dangereux et contagieux.

Cette même foule avait déjà réclamé à Pilate : "Crucifie-le, crucifie-le !".

Gérard et Camille sont revenus à Lourdes à Pâques 1971 avec une foule très différente. Ils étaient 12000 dont 4000 ayant un handicap mental, venus de 15 pays. Tous avaient entendu cet appel de Dieu au baptême de Jésus : "Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie.[2]" Cette foule-là était une foule joyeuse, très joyeuse même. Les pèlerins, après avoir reçu ce baptême à Lourdes, furent des témoins de cette joie jusqu’aux extrémités de la terre.

Mais alors, c’était gagné, les personnes ayant un handicap mental avaient gagné leur droit d’entrer dans les sanctuaires de Lourdes ! Foi et Lumière avait-il encore un sens ? Une mission ? Oui, bien sûr, ce n’était qu’un premier pas, un tout petit pas. Il fallait encore répondre à ceux qui croyaient que les pèlerins handicapés reviendraient déçus de ne pas avoir été guéris, ce à quoi Marie-Hélène Mathieu avait répondu : "Mais nous ne demanderons que la guérison des cœurs, afin que nous les reconnaissions pleinement dans leur beauté unique et que nous les aidions à trouver leur place dans l’Eglise et la société.[3]" Mais ces réticences étaient semblables à celles des grands prêtres et des scribes qui disaient : "S’il est le Christ, qu’il descende maintenant de la croix, alors nous croirons.[4]" Ils n’avaient pas compris que c’était justement parce qu’il était le Christ qu’il était sur la croix.

Alors, si les personnes ayant un handicap mental sont acceptées dans les sanctuaires, dans les paroisses, c’est une tolérance qu’on leur concède, en faisant attention qu’elles ne fassent pas trop de bruit, qu’elles ne dérangent pas nos belles liturgies.

Il y a donc encore quelques marches à gravir pour atteindre le haut du mont de la Transfiguration et entendre à nouveau Dieu nous dire : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ![5]" La joie est une chose acquise, il reste à nous mettre à l’écoute des personnes ayant un handicap, ils ont bien des choses à nous dire, à nous apprendre. Par exemple, quand, à Lourdes, le jour du vendredi saint, ils ont commencé à chanter des Alléluias dans toute la ville de Lourdes, il y eut des regards peu amènes… Et pourtant… le message était clair. Quand Julie, après avoir pleuré pendant le récit de la Passion, se met à sourire après l’annonce de la mort de Jésus, et dit : "ça y est, maintenant, il peut ressusciter !", ça veut dire qu’elle a compris que pour ressusciter, il faut d’abord mourir… alors que nous voudrions ressusciter sans mourir ! Nous acceptons la joie de la Résurrection, mais pas la souffrance de la Passion.

Cinquante ans après notre fondation, il y a encore du travail pour annoncer la bonne nouvelle de Jésus, cette joyeuse nouvelle qu’on ne peut comprendre qu’avec un cœur simple. C'est un véritable trésor que nous devons partager le plus largement possible.



[1] Cf. Plus jamais seuls p.50

[2] Mc 1, 11

[3] Cf. Plus jamais seuls p.80

[4] Mc 15, 32

[5] Mt 17, 5