mardi 20 décembre 2016

Aujourd’hui, le Fils de Dieu est né : tout change.

Au cours de la nuit de Noël, dans une grotte de Bethléem, un événement a bouleversé la marche du monde. Tout a changé, tout est devenu possible !
Cet événement n’a rien d’exceptionnel, la naissance d’un bébé. Et pourtant, il met le ciel en joie, et les anges chantent la gloire de Dieu ! C’est le début d’un grand mouvement : le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière (Is 9, 1), et les bergers, puis les mages, sont allés adorer cet enfant faible, fragile et dépendant. Ce qui est exceptionnel, c’est que notre Dieu tout-puissant, le créateur du ciel et de la terre, nous attend dans un état qui a priori ne lui ressemble pas : un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire (Lc 2, 12) pourrait-il être celui qu’Isaïe annonçait et qu’il désignait par ces appellations : Conseiller-merveilleux, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix (Is 9, 5) ?
Mais rien n’est impossible à Dieu (Lc 1, 37) ; c’est notre imaginaire qui nous fait croire que Dieu ne peut pas être proche, qu’il ne peut pas attendre quelque chose de nous. C’est cet enfant faible, fragile et dépendant qui va nous dire que nous devons aimer nos ennemis et prier pour ceux qui nous persécutent (Mt 5, 44), que nous serons heureux si nous avons le cœur pur (Mt 5, 8), que nous n’entrerons pas dans le royaume des Cieux à moins de changer pour devenir comme les enfants (Mt 18, 3). Oui, cette naissance est la promesse de grands changements : tout va devenir possible.
Les communautés Foi et Lumière sont des lieux où nous apprenons le mieux à vivre ces changements radicaux : ce sont les plus faibles, les plus fragiles et les plus dépendants qui sont nos maîtres pour nous faire comprendre le sens profond de l’Évangile ; nous disons à Jésus dans notre prière que nous voulons vivre une alliance d’amour dans cette famille qu’il nous a donnée pour partager nos souffrances et nos difficultés, nos joies et notre espérance. Oui, tout change avec nos amis handicapés, ce sont eux qui nous font découvrir le visage et la présence de Jésus qui nous attend dans leur faiblesse et leur fragilité. Ils sont les signes vivants par lesquels la gloire de Dieu peut se manifester : elle le fait à travers la fragilité, la leur, mais aussi celle de chacun, une fragilité qu’il faut reconnaître et accepter, une fragilité qui peut devenir une force dès lors qu’elle n’est pas étouffée par des désirs de toute-puissance.
Laissons-nous conduire par les membres les plus fragiles de nos communautés jusqu’à l’enfant Jésus qui nous attend, emmailloté et couché dans une mangeoire ; toutes nos tristesses vont disparaître et nous repartirons consolés. Nous pourrons tous ensemble, avec les bergers, glorifier et louer Dieu pour tout ce que nous avons entendu et vu (cf. Lc 2, 20). Tout change, voici que je fais toutes choses nouvelles (Ap 21, 5).

Continuons notre marche avec le jeune Samuel qui n’aurait pas été le dernier à répondre à l’invitation des anges à aller à la crèche : joyeux Noël à tous !

Moi, Marie, femme de Cléophas continue son chemin.

Le livre "Moi, Marie, femme de Cléophas" est paru le mois dernier. Il raconte les aventures (et les mésaventures) de Marie, femme de Cléophas et maman de Joseph, un enfant "pas comme les autres", qui les emmènent du village d'Emmaüs jusqu'à Marseille, en passant par Jérusalem, Béthanie, Damas et Rome. J'ai eu quelques occasions de parler de ce livre et mes interventions ont été faites avec la médiathèque du diocèse de Gap (lien), avec le secrétariat de Foi et Lumière (lien), à Radio Notre Dame au cours de l'émission "écoute dans la nuit" (lien). Toutes ces occasions d'expliquer pourquoi je m’étais lancé dans une telle aventure me confirment (de par les échos que j'ai entendus) que c'était nécessaire et qu'il était important que je partage ma "visite" des Évangiles à travers les yeux de Marie, en témoin privilégié de ce que Jésus et Marie sa mère avaient à dire à des parents parfois désemparés devant la naissance d'un enfant qui n'est pas celui que ses parents espéraient.
L'émission "écoute dans la nuit" de Radio Notre-Dame (qui dure deux heures), partagée avec Clotilde Noël, une maman qui avait fait un choix très différent, celui d'adopter deux enfants handicapés après six autres enfants, un autre type d'aventure... avait pour thème "n'ayez pas peur de la tendresse". En me préparant, j'ai réfléchi sur la tendresse, et je me suis dit que ce mot, pour ne pas avoir de signification trop mièvre, devait nécessairement trouver son origine dans la tendresse de Dieu et j'ai trouvé un verset du livre des Lamentations de Jérémie qui résume bien mon état d'esprit, celui du père de Julie : Grâce à l'amour du Seigneur, nous ne sommes pas anéantis, ses tendresses ne s'épuisent pas (Lm3, 22). Oui, Jésus est toujours à nos côtés dans nos épreuves, car il ne veut pas nous voir ployer sous le poids du fardeau, sa tendresse nous relève chaque jour.

mardi 13 décembre 2016

Inédit : la dernière lettre de Charles de Foucauld

Ou plutôt celle qu'il aurait pu écrire... Pierre Durieux, coordinateur, avec sa femme Blandine, de la province France Loire Rhône Auvergne, nous a communiqué une lettre, fruit d'une méditation pour Foi et Lumière. Il ajoute qu'elle aurait pu s'intituler "ce que Charles de Foucauld dit aux personnes handicapées". La spiritualité de la fragilité qui est la nôtre est en effet bien proche de celle du Bienheureux Charles. Il a toujours cherché à occuper la dernière place, celle qui est général réservée à nos frères et sœurs handicapés. C'est pour cela qu'elles se sentent proches de lui et veuillent le suivre pour s'abandonner avec lui dans les bras du Père. Nous nous agitons beaucoup pour faire connaître notre joie autour de nous, pour être messagers ou missionnaires de la joie, mais nous ne voyons pas beaucoup de fruits. Mais, comme nous le rappelle le pape François, "le temps est supérieur à l'espace" : Donner la priorité au temps c'est s'occuper d'initier des processus plutôt que de posséder des espaces (Evangelii Gaudium #223). Alors confiance, disons avec lui cette belle prière :
Mon Père,
je m'abandonne à toi,
fais de moi ce qu'il te plaira.
Quoi que tu fasses de moi, je te remercie.
Je suis prêt à tout, j'accepte tout.
Pourvu que ta volonté se fasse en moi, en toutes tes créatures,
je ne désire rien d'autre, mon Dieu.
Je remets mon âme entre tes mains.
Je te la donne, mon Dieu, avec tout l'amour de mon coeur,
parce que je t'aime, et que ce m'est un besoin d'amour de me donner,
de me remettre entre tes mains, sans mesure,
avec une infinie confiance, car tu es mon Père.

La lettre inédite :
Cher ami,
Mon frère,
À 6 ans, je suis orphelin, de père et de mère. À 20 ans, c’est au tour de mon grand-père de partir. À mesure que la vie progresse, le vide se fait autour de moi. Mais l’abandon, le rejet, ou l’échec n’ont pas eu le dernier mot : j’en suis la preuve. Que ta vie ne s’arrête pas à tes 20 ans ! et la suite est là

mardi 29 novembre 2016

Aller au grand large

La couverture du numéro 7
Depuis près de deux ans, les communautés Foi et Lumière de Belgique éditent leur bulletin de nouvelles qui s'appelle Grand large ! La flottille des barques belges a hissé haut les voiles pour avancer au large et jeter ses filets en eau profonde.
On peut s'y abonner très facilement et connaître ainsi la vitalité de Foi et Lumière dans ce pays-province, il y a des contes de Noël, des fioretti, des reportages...
Je vous recommande, parmi les fioretti ce qu'une responsable a dit dans sa paroisse pour annoncer Foi et Lumière (pages 15 et 16), l'invitation faite à des jeunes scouts de venir aider pour un week-end d’anniversaire d'une communauté (page 8) et comment Caro a commencé à se transformer en schtroumpf !
Il y a aussi comme modèle à suivre l'annonce des retraites Arc-en-Ciel de 2017 qui existent en Belgique depuis longtemps : ce sont des retraites vécues en duo : une personne porteuse d’un handicap accompagnée d’un(e) ami(e) ou d’un parent. Les deux personnes s’enrichissent mutuellement dans la recherche et la découverte de Jésus. Il s’agit d’un temps de ressourcement aussi bien pour la personne avec handicap que pour l’accompagnant (pages 17 à 19).

Vous aurez compris que ce Grand large apporte du souffle à la vie de Foi et Lumière en Belgique ; j'espère que ce souffle vous portera vous aussi vers le large !
Pour vous abonner, c'est gratuit, envoyez votre adresse email à Christian Delvaux : delvauxlievin@hotmail.com

lundi 7 novembre 2016

Πίστη και Φώς Κύπρου (Foi et Lumière Chypre) fête ses trente ans

Départ du pèlerinage vers le monastère de Kykkos
Du 28 au 30 octobre, les trois communautés de Chypre ont fêté leur trentième anniversaire près de Larnaca. Nous sommes venus de plusieurs pays qui ont partagé à un moment ou à un autre la vie de ces communautés : le centre de l’Italie et la Grèce (qui constituent la province Kimata), Le Liban, la Jordanie et la Syrie (qui ont été dans la même zone jusqu’en 2008). En tout une soixantaine de participants qui ont partagé sur le thème qui avait été choisi : Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison (Lc 19, 5). Je ne nommerai qu’un seul participant, Roy Moussalli, venu de Damas. Sa présence a matérialisé la communion que nous avons tous pour nos amis de ce pays et nous lui avons demandé de dire à chacun combien nous sommes tous proches par la prière des communautés de son pays.
Le père Théodoros, l’aumônier provincial, nous a commenté ce thème en nous demandant comment cet Évangile continue à nous interpeller aujourd’hui. D’abord il y a cette rencontre improbable entre Jésus et Zachée, chef des collecteurs d’impôts, c’est dire s’il était populaire à Jéricho : et nous, pouvons-nous nous rappeler quand et comment s’est passée notre rencontre avec Jésus ? Puis vient l’appel à suivre Jésus : une décision que nous devons renouveler souvent, et cet appel que nous lance Jésus nous emmène vers les autres et il ne nous laisse pas seuls. Enfin, Jésus vient demeurer chez Zachée : il ne faut pas oublier la joie qu’a eue Zachée, ce fut une rencontre qui l’a rendu libre. Est-ce notre expérience ? Nous avons pu ensuite partager en petits groupes sur ces questions et cela fut très riche.
L’après-midi, ce fut mon tour de parler : "en quoi Foi et Lumière est un signe puissant de la miséricorde divine ?" J’ai essayé de montrer que l’année de la miséricorde n’était qu’une année d’entraînement, que cela allait devenir si naturel que nous ne pourrons que nous élever sur l’escalier de la miséricorde, marche après marche, en étant tour à tour objets et agents de la miséricorde. Le secret de cet escalier est qu’on ne peut trouver la première marche qu’en se faisant petit et proche des plus fragiles, pas en voulant monter seul.
Le soir, nous avons revécu toute l’histoire des trois communautés de Chypre. Ce fut très vivant et chacun était enthousiaste en partageant ses souvenirs. Il est très important de se souvenir et de se rappeler souvent quelles sont nos origines, au niveau des communautés, des pays, des provinces et de l’international. Le succès du livre de Marie-Hélène Mathieu "Plus jamais seuls" est très significatif. J’ai été heureux de voir des participants de toutes générations, je me souviens en particulier d’avoir parlé à une jeune femme qui m’a dit qu’elle était à Foi et Lumière parce que ses parents et ses grands-parents y avaient été avant elle, la troisième génération en trente ans !
Dans le monastère de Kykkos
Le lendemain, ce fut la célébration proprement dite : nous sommes partis en car vers le monastère orthodoxe de Kykkos, dans les montagnes boisées de l’ouest de l’île. Ce monastère abrite des trésors magnifiques : mosaïques, icônes, fresques… La plus renommée – mais personne ne peut la voir tellement elle est précieuse – est l’icône de la mère de Dieu peinte par Saint Luc et bénie par Marie elle-même. Là, nous avons prié pour toutes les communautés Foi et Lumière du monde, pour la paix. Un moine nous a très chaleureusement accueillis et le pèlerinage s’est achevé par un apéritif servi dans une très belle salle du monastère.
Très belle mosaïque
Le soir, une grande fête a eu lieu dans notre lieu d’hébergement, près de Larnaca, en présence de Mgr Youssef Soueif, archevêque maronite. Chaque pays a pu se présenter et proposer un chant ou une danse. Cela s’est terminé par une dégustation des spécialités culinaires que chacun avait apportées, un grand moment de convivialité !
Peppinos souffle la bougie des trente ans
Le dimanche 30 un temps de discernement était prévu pour désigner celui qui allait remplacer Peppinos qui a accompagné les communautés de Chypre depuis près de dix ans. Cela ne concernait pas tous les participants, et ça a donné l’occasion aux autres d’aller visiter la plage toute proche ; par un très beau temps et une température estivale, ce fut très apprécié ! Marios, un des coordinateurs de communauté a été élu et a accepté de prendre la suite de Peppinos. Ils ont ont été tous les deux très chaleureusement remerciés pour leur engagement, passé ou à venir, à servir Foi et Lumière. Nous avons pu rendre grâce tous ensemble à la messe qui fut célébré par Monseigneur Youssef Soueif.
Avec Peppinos et Marios, l'ancien et le nouveau coordinateur !
La messe présidée par Mgr Youssef, archevêque maronite
Joséphine nous fait découvrir son pays
Une dernière visite à Larnaca pour découvrir la ville et l’église Saint Lazare, et c’était déjà le temps de repartir pour la plupart. Les horaires des vols nous ont permis de rester encore trois jours, invités par Joséphine, ancienne coordinatrice nationale. Avec Isabelle et Joséphine, nous avons pu découvrir une petite partie des richesses de Chypre, des richesses historiques, archéologiques, artistiques, humaines… Nous avons pu également toucher du doigt les souffrances de la séparation de ce pays coupé en deux depuis 1974. Pendant notre séjour, j’ai pu continuer à transmettre le message de Foi et Lumière : il y a eu des visiteurs importants et cela m’a donné l’occasion de rencontrer le nonce apostolique, Monseigneur Paul Richard Gallagher, un prélat orthodoxe et même un mufti, qui, soit connaissaient et appréciaient Foi et Lumière, soit (pour le dernier d’entre eux) s’est montré très intéressé par le souci que nous avons des plus petits.




Une très belle fresque du lavement des pieds



jeudi 13 octobre 2016

Moi, Marie, femme de Cléophas

C'est ainsi que débute le récit de la vie de Marie, femme de Cléophas, qu'elle raconte elle-même... Pour connaître la suite, il faut lire le livre...

Je m’appelle Marie, j’ai 56 ans et mon fils Joseph en a 40. Mon mari Cléophas est mort depuis 30 ans déjà, et depuis ce temps, je suis engagée avec ceux que l’on appelle maintenant "chrétiens", les disciples de Jésus Christ. Deux événements ont changé ma vie du tout au tout : la naissance de notre fils Joseph, un enfant dit différent, car il est déficient sur le plan intellectuel, sans l’être aucunement sur le plan du cœur, et ma rencontre avec Jésus de Nazareth m’ont entraînée sur des chemins que jamais je n’aurais pu imaginer. Je suis à Rome où je suis arrivée quelques mois avant Paul, un apôtre de Jésus Christ, avec lequel nous avons beaucoup voyagé, Joseph et moi. Paul est mort il y a quelques semaines et je sais que demain, nous le rejoindrons sur l’autre rivage, lui et Jésus, mais aussi mon cher Cléophas. Nous avons été arrêtés avec d’autres amis chrétiens et nous n’avons pas voulu faire allégeance aux divinités païennes des Romains. Nous sommes enfermés dans des geôles proches du Grand Cirque et nous allons, comme d’autres l’ont été avant nous, être dévorés par les lions. Je tremble, et j’ai peur, mais Joseph est plus fort que moi et sa présence me rassure plus que ce j’imaginais. Je ne pourrai pas dormir cette nuit, je suis trop angoissée ; je vais faire défiler dans ma tête tout ce que j’ai vécu, en remontant aussi loin que ma mémoire me le permet. Je crois que mon premier souvenir précis date du jour où j’ai eu dix ans.

lundi 3 octobre 2016

Comment répondre à une question sans réponse ?

Dans une même journée, j’ai reçu deux gros chocs émotionnels qui m’ont amené à une réflexion que je voudrais partager.
Sally Phillips et son fils Olly
Dans un premier temps, j’ai regardé la vidéo d’une émission de la BBC dans laquelle l’actrice Sally Phillips réagit à une déclaration de Peter Singer, un partisan de "l'altruisme efficace". Il y dit notamment (attention, il faut s’accrocher) qu’il vaut mieux tuer des personnes sévèrement handicapées et transférer l’argent ainsi économisé pour les maintenir dans leur état de vie dépendante vers ceux à qui cela serait plus utile ; que la vie n’est qu’un concept religieux dépassé et que la vie d’un gorille qui a une conscience de soi vaut mieux que celle d’une personne handicapée sans conscience de soi. Sally Phillips, maman d’Olly, un garçon trisomique, affirme la valeur de la vie de son fils et de toutes les personnes ayant un handicap, demande que l’annonce du diagnostic de la trisomie 21 à une femme enceinte soit accompagnée d’une information au minimum neutre. Elle dit : « si on lui disait que son enfant sera heureux de vivre, apportera de la cohésion sociale, encouragera les uns et les autres à ne pas prendre la vie trop au sérieux, se réjouira de chose simples, ça serait présenter un système de valeurs de manière complètement nouvelle. »
Sinon, on risque de se retrouver comme au Danemark où il est annoncé que, d’ici 2020, il n’y aura plus de personnes trisomiques dans le pays…
Le père Matthieu Dauchez
Puis, le soir même, dans une église de Paris, le père Matthieu Dauchez, directeur de la fondation ANAK-Tnk à Manille, donnait une conférence dont le titre était "Mais pourquoi Dieu permet-il cela ?" en référence à la question posée par une petite fille au pape pendant son séjour à Manille. Cela, c’est la misère, la violence, les abus que subissent trop d’enfants, des enfants des rues, des bidonvilles, des enfants handicapés. Et le pape a répondu : « tu m’as posé la seule question qui n’a pas de réponse… » et ils l’a prise dans ses bras. Le pape François avait déjà donné une première réponse, la compassion et la tendresse… Le père Matthieu Dauchez n’a pas donné de réponse lui non plus, mais il a ouvert quelques portes pour nous aider à mieux comprendre ce qu’est le mal et comment réagir. Sur le plan théologique, c’est un peu compliqué car on ne peut dire à la fois : Dieu est tout-puissant, Dieu est bon et le mal existe. Deux de ces propositions peuvent se concevoir, mais alors elles excluent la troisième. 
Une tentative de réponse a pu être donnée par Saint Augustin : Car le Dieu Tout-puissant (...), puisqu’il est souverainement bon, ne laisserait jamais un mal quelconque exister dans ses œuvres s’il n’était assez puissant et bon pour faire sortir le bien du mal lui-même.
Il faut d’abord distinguer le mal et ses conséquences : il faut haïr le mal, il est légitime de se mettre en colère, de se révolter, mais face à ceux qui souffrent à cause du mal, il faut être présent, même en silence, même avec des larmes ; il faut se montrer compatissant et savoir pardonner. 
Dans la parabole du bon Samaritain, le prochain n’était pas l’homme blessé, celui dont il fallait s’occuper pour le soigner, c’était le bon Samaritain lui-même qui a su se faire proche, se faire accepter par l’autre (qui a dû être étonné de se faire soigner par quelqu’un qui d’habitude était peu considéré). Le prochain n’est pas celui pour qui nous devons faire, mais celui avec qui nous devons être. La rencontre ne peut être une véritable rencontre que si elle se fait à égalité, pas de supérieur à inférieur, pas de celui qui sait à celui que ne sait pas… Et c’est ce que fait la fondation ANAK-Tnk au quotidien !
Frère Thomas
Il était très réconfortant de voir que l’église qui contient, pleine, un millier de personnes, était archi-comble, énormément de monde, principalement des jeunes, étaient venus pour écouter le père Matthieu Dauchez ; beaucoup étaient debout, assis dans les allées… Tous sont repartis le cœur brûlant d’espérance ! Le père Thomas de Gabory, qui était l’aumônier diocésain de Foi et Lumière à La Réunion, est parti pour rejoindre Manille où il va collaborer aux missions de la fondation. Et la Providence a voulu que son voyage de La Réunion vers Manille passe par Paris et qu’il soit présent à la conférence ! Ce fut bon de le revoir et d’échanger quelques minutes. Il y a des liens entre Foi et Lumière et ANAK-Tnk, j’ai été heureux de voir une jeune fille trisomique sur une photo avec la Cardinal Luis Antonio Tagle qui demandait aux enfants de la fondation ce qu’ils voulaient faire dans la vie ; certains disaient « je serai policier ou instituteur » ; elle a répondu tout simplement : « je serai l’amour » !

En repartant, avec les paroles du père Matthieu Dauchez dans la tête et dans le cœur, je repensais à ce que j’avais entendu le matin : quelle réponse peut-on apporter au mal ? J’ai compris que devant cette équation à trois inconnues (Dieu tout-puissant, Dieu de bonté, le mal existe), certains ont fait le choix de répondre : « Dieu a échoué, sa création n’est pas bonne ; nous allons faire mieux ! » et c’est le choix de vouloir "corriger" la création, c’est revivre le mythe de Prométhée. Les hommes ne peuvent être considérés comme des êtres humains s’ils n’ont pas une vie considérée comme digne, certains animaux peuvent être considérés comme des êtres humains. Que tous ceux qui raisonnent ainsi, des véritables bandits de la pensée, aient comme Prométhée, le foie dévoré chaque jour par un aigle ! Et que de nombreuses personnes comme Sally Phillips et le père Matthieu Dauchez, et nous tous avec eux, continuent à proclamer que toute vie vaut la peine d’être vécu, à condition de ne pas rester seul, à condition de vivre l’amitié. Nous devons en témoigner aussi fort que possible !

mercredi 28 septembre 2016

Granny Button s'envole !

Elisabeth Neame (Granny Button pour ses petits-enfants) est coordinatrice de la province UK Sud et elle n'a pas froid aux yeux ! Elle n'hésite pas à s'envoyer en l'air (au sens propre !) pour contribuer à la solidarité de Foi et Lumière. Elle raconte elle-même son aventure de cascadeuse
:

Liz dans la vraie vie...
L’avion s’est arrêté au bout de la piste d’envol pour faire les dernières vérifications avant le décollage ; un moment où même ceux qui voyagent souvent ont un peu d’appréhension, mais moi, j’étais un peu plus anxieuse car je n’étais pas assise à mon siège dans l’avion, mais attachée au-dessus des ailes à l’extérieur !

Soudain, ce fut le départ !! L’avion a accéléré et le sol s’est éloigné, ça y était, nous étions en l’air. C’était assez bruyant car le vent me giflait fort. Doucement, j’ai d’abord enlevé une des sangles qui m’attachaient, puis la deuxième, ce qui m’a permis d’ouvrir les bras ; je me sentais vraiment comme si je volais, tournoyant par ci et par là, comme un oiseau. Puis nous sommes descendus si bas que j’ai pu voir ma famille me faire des signes, entendre leurs cris, et puis nous sommes repartis vers le haut et nous avons tourné et tourné.
Et sur son avion pendant le looping !


Puis il y eut un très grand piqué et soudain le ciel est devenu jaune ! Nous étions à l’envers et le blé mûr était en dessous de ma tête ! Quelle surprise ! Je ne savais pas que nous allions faire cette acrobatie, mais ce fut un sentiment prodigieux. Puis, ce fut le temps d’atterrir, et nous avons roulé doucement jusqu’au hangar où ma famille m’attendait. Les photos et le champagne ont accompagné ce retour sur terre – Granny Button a vraiment vécu une belle aventure ce jour là, et grâce à la générosité de ma famille et de mes amis, plus de £1000 ont été donnés pour Foi et Lumière.

vendredi 23 septembre 2016

Un pèlerinage peu banal

En route ??
Sorti en 1999, le film "Une histoire vraie" de David Lynch raconte l’histoire d’Alvin Straight qui, à 73 ans, décide d’aller voir son frère Lyle qui vient d’avoir une attaque. Cela faisait dix ans qu’ils ne s’étaient pas revus ni parlé à cause d’une dispute. Et il part sur sa vieille tondeuse à gazon tractant une remorque pour un périple de plus de 500 kilomètres… C’est le seul engin qu’il a le droit de conduire, et cette route, il doit la faire tout seul !
Une des trois remorques richement décorée
Le père Mirosław Tosza, ancien aumônier de Foi et Lumière, a fondé – à Jaworzno - une communauté Betlejem où il vit avec des pauvres. L’histoire de la majorité d’entre eux est tissée de chutes et de relèvements, de désespoir, d’espérance… Inspirés par la belle histoire du film, ils sont partis à huit (trois sur des tracteurs tirant des petites caravanes, deux à bicyclette et trois à pied), pour un parcours de 1700 kilomètres jusqu’à Lisieux, Sainte Thérèse étant la patronne de leur communauté. Les piétons sont partis un mois avant les autres et ils se sont rejoints en France pour effectuer ensemble les dernières étapes. Le 22 septembre, ils ont fait escale à Trosly et ce fut une rencontre vraiment extraordinaire ! Il y avait là un groupe de Libanais, de Foi et Lumière, qui terminaient une retraite avec Jean, il y avait les Polonais de l’Arche et nous avons partagé, prié et ri ensemble ! Pendant la messe qu'a célébrée le père Mirek, nous avons prié les uns pour les autres et il a dit : je rends grâce d'être ici parmi vous, car sans l'Arche, il n'y aurait pas eu Foi et Lumière et sans Foi et Lumière, il n'y aurait pas eu Betlejem.
Leur pèlerinage s’inscrit dans la démarche de l’année jubilaire de la Miséricorde. Ils ont choisi d’aller jusqu’à Lisieux pour y passer la porte sainte ; ils ont voulu qu'il soit aussi le signe extérieur d’un pèlerinage intérieur avec comme étapes la suspension des jugements, le pardon et le don généreux. Chaque soir, ils ont un temps de méditation silencieuse auquel ils invitent le plus de monde possible. C’est à partir du silence de la méditation que pousse l’arbre aux fruits du pardon et de la réconciliation. Nous nous sommes bénis mutuellement, emportant chacun de son côté les intentions de prière des uns et des autres. Père Mirek, priez pour nous à Lisieux !
Un grand merci à Asia Koczot (aussi de Jaworzno) pour m'avoir incité à rencontrer ses amis de la communauté Betlejem.
Une video sur ce pèlerinage (en anglais à partir de 4:15)
Une autre
Avant le départ



mercredi 31 août 2016

Venez à l’écart dans un endroit désert et reposez-vous un peu !

Les participants de la province USA Ouest
Les participants de Canada Ouest
Quand, avec Kirt Bromley, le vice-coordinateur international qui accompagne les quatre provinces des USA et du Canada, nous avons planifié ma participation à la rencontre provinciale de USA Ouest fin juillet (à laquelle des participants de la province Canda Ouest étaient également invités), il n’était pas prévu qu’il ne viendrait pas au Conseil des Coordinateurs de Konstancin (Pologne) début juillet. Il n’était pas prévu non plus que Michael Brault, coordinateur de la province USA Ouest, ne pourrait pas embarquer dans l’avion pour la Pologne… La province Canada Ouest, quant à elle, n’avait pas pu envoyer de délégué… Ainsi, aucun des participants à cette rencontre au centre Treacy Levine à Mount Vernon, Washington, ne pouvait parler de ce qui s’était passé quelques semaines plus tôt en Pologne, sinon moi. J’y ai vu un signe de la Providence !
Le jeudi 28 juillet, après une dizaine d’heures de vol, je suis arrivé à l’aéroport de Seattle où j’ai retrouvé Michael et Kathy Brault. Nous avons pris ensemble la navette qui allait nous emmener jusqu’au nord de l’état de Washington, dans un domaine de 80 hectares, très à l’écart et où règne un calme absolu (il paraît qu’on peut y rencontrer, au lever ou au coucher du soleil, des ours, des pumas ou des lynx, attirés par les mûres très nombreuses en cette saison). Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu (Mc 6, 31) : c’est ce que nous avons fait pendant trois jours, dans une ambiance très détendue et amicale. Nous étions une cinquantaine de participants venus des deux provinces de l’ouest de l’Amérique du Nord : du Texas, de Californie, du Kansas, du Missouri et de Washington pour les États-Unis, de Winnipeg, de Saint Albert et de Vancouver pour le Canada.
Le père William Treacy
Il y a eu bien entendu quelques moments plus studieux : des temps de formation (accompagnement, discernement…), un temps où j’ai pu dire ce qui s’était passé pendant le conseil des coordinateurs de Konstancin. Il y a eu aussi des activités spirituelles comme un lavement des pieds, un mime d’Évangile et la messe du dimanche qui a été célébrée par le père William Treacy (97 ans et 72 ans de sacerdoce), le fondateur du centre qui nous accueillait (après 50 années passées dans ce lieu magnifique, il va bientôt devoir le quitter car le centre vient d’être vendu). Une messe d’action de grâce, riche en émotions pour tous ! Et il y a eu - bien sûr - une très belle fête.

A mon retour, après ces journées si remplies de partages, d’échanges, je remercie tous ceux qui ont préparé cette belle rencontre ; ce fut réellement une session très riche en événements vécus dans l’amitié et la communion ! Je retiens que ces deux provinces, marquées par des difficultés de communication à cause de distances très importantes, peuvent avoir des possibilités de rencontres permettant de rompre cet isolement (Olympia et Bellingham, dans l’état de Washington, ne sont pas si éloignées de Vancouver au Canada ; et Winnipeg n’est pas très loin du Minnesota) ! L’année prochaine, début août, les deux provinces vont se retrouver pour un pèlerinage à Our Lady of the Snows, tout près de Saint Louis, Missouri. Ils seront tous très heureux de se retrouver !
On se prépare pour le pèlerinage de 2017 !



Album photo

dimanche 24 juillet 2016

Qu'êtes-vous allés voir à Konstancin ?

Danse polonaise
Pendant quatre jours, les coordinateurs provinciaux de Foi et Lumière se sont retrouvés près de Varsovie pour le conseil des coordinateurs. Cette rencontre, prévue dans notre constitution, est une étape importante entre deux rencontres internationales ; il n’y a pas d’élections, pas de grandes décisions, on y fait des choses toutes simples, c’est un temps où se crée une véritable communauté internationale (Constitution IV, 65). Et j’ai constaté combien ce temps est important pour que chacun se retrouve pour partager, pour célébrer, pour prier ensemble ! La configuration des lieux avec un grand hall a permis de nombreuses rencontres, toutes très riches ; elle a permis de faire de très belles fêtes, toutes très joyeuses ; elle a permis également de nous retrouver devant la grande croix de Jérusalem pour des temps de prière pendant lesquels un esprit de communion était très sensible. 
Grande fête égyptienne !
Pour résumer, nous étions comme une grande communauté Foi et Lumière vivant un temps de rencontre exceptionnel pendant quatre jours ! Pour ne citer qu’un seul exemple, le plus fort peut-être, l’accueil réservé à Christine, venue de Syrie fut vraiment extraordinaire : elle a pu témoigner, un matin pendant la prière, de la vie des communautés Foi et Lumière de son pays, et nous avons pu réaliser combien est fort et solide ce que nous bâtissons dans nos "petites" communautés ; nous construisons sur le roc !
Si la constitution ne dit rien sur la présence des personnes ayant un handicap mental à cette rencontre, l’équipe locale polonaise avait pris soin d’en inviter une dizaine, une rencontre de communauté sans nos amis handicapés, c’est comme un orchestre sans instruments.
Il y avait aussi un orchestre, bien sûr, qui a animé beaucoup de temps forts de notre rencontre ; Kirt, qui en était le responsable, avait tout bien préparé mais, au dernier moment, il n’a pas pu venir… mais, mis à part son banjo que nous n’avons pas entendu, tout s’est bien passé !
Célébration œcuménique
Il y avait aussi des aumôniers, une dizaine ; ce sont eux qui nous ont montré la diversité œcuménique de notre mouvement ; des liturgies étaient proposées chaque matin dans différentes traditions ; une grande célébration œcuménique, un lavement des pieds et la messe d’envoi nous ont réunis dans une même ferveur autour de Jésus, celui à qui nous disons : Jésus, tu nous as invités à te suivre dans une communauté Foi et Lumière, nous voulons te dire oui. 
Il n’y aurait pas de rencontre Foi et Lumière sans un mime d’Évangile, et il y en a eu chaque matin pendant le temps de prière et un pendant la messe d'envoi !
Il y a eu aussi des temps de partage qui étaient la conclusion de ce qui s’était vécu pendant l’année avec les propositions du carnet de route. Nous avons donc, comme le veut la Constitution, cherché ensemble la volonté de Dieu pour le mouvement, et été au service des personnes ayant un handicap mental et des communautés Foi et Lumière dans l’esprit de la Charte. A partir du même schéma, chaque jour (prière du matin, mime et réflexion ; temps de réflexion personnel en silence, partage en petits groupes), nous avons essayé de discerner cette volonté de Dieu pour Foi et Lumière. Les principales conclusions ont montré plusieurs choses :
-          - rien de bien nouveau : quasiment tout de ce qui a été remonté des groupes de partage se retrouve dans notre prière ou dans le livret "Vous brillerez dans le ciel comme les étoiles de l’univers".
-          - une volonté d’approfondir notre spiritualité : le carnet de route 2017-2018 nous servira donc de guide pour méditer notre belle prière.
-          - si notre identité n’a pas évolué, le monde qui nous entoure a bien changé depuis 1971 : il faut donc être attentif aux appels de Dieu pour notre mouvement aujourd’hui. L’équipe de coordination internationale va travailler sur ce sujet dans les mois qui viennent.
L'Évangile du Bon Samaritain
Ce conseil des coordinateurs est également à mi-parcours entre deux rencontres internationales et les coordinateurs provinciaux ont pu connaître l’état d’avancement des chantiers lancés suite à la définition à Leeds des priorités 2013-2018 ; cela a permis de mieux prendre en compte les réactions et commentaires de chacun. Le grand rassemblement de jeunes, qui aura lieu en Espagne début août 2017, a été annoncé et présenté ; le projet de révision de la constitution a fait l’objet d’une présentation détaillée par l’équipe en charge.
Alors, qu’avons-nous été voir à Konstancin ? Un roseau agité par le vent ? Des personnes habillées de vêtements raffinés ? Rien de tout cela, nous avons à la fois été :
-          - dans un lieu de repos pour tous ceux qui peinent sous le poids du fardeau, un fardeau bien léger quand on est plusieurs à le porter ensemble,
- dans un atelier où se prépare le mouvement Foi et Lumière du futur…
Bon retour à chacun, ce conseil des coordinateurs fut un événement merveilleux, un moment où le temps s’arrête et tous repartent ensuite avec joie et énergie pour transmettre notre bonne nouvelle à tous dans les provinces !

Soeur Anawimel
Le jour de notre départ, Kristina recevait son habit monastique des mains de sa supérieure générale au monastère de Poligny en France et devenait sœur Anawimel, la pauvre de Dieu. Je l'ai vue à mon retour : elle rayonnait de joie et ses prières ainsi que celles des sœurs de son monastère nous ont portées pendant toute notre rencontre. O Bonitas !

Un remerciement tout spécial à Joanna et à son équipe pour avoir tout organisé ; chacun a été accueilli merveilleusement, et nous étions comme chez nous dans cette belle maison des Pères Pallotins. Dziękuje bardzo! 
Merci aussi au secrétariat international, nos trois super mousquetaires : Une pour toutes, toutes pour une !

mardi 19 juillet 2016

Passage de témoin à Szeged

L'affiche de bienvenue à Szeged
Après une douzaine de visites (conseils, assemblées, formations, pèlerinage…) dans la zone puis la province Danube, j’y ai maintenant beaucoup de bons amis. En juin, j’y suis retourné avec Uliana, venue de l’Ukraine voisine : c’est elle qui maintenant va accompagner cette province. Ça se  passait à Szeged, en Hongrie : l'arrivée a été un peu compliquée car notre voiture a eu une panne sur l'autoroute, mais nous sommes bien arrivés pour une bonne soirée dans cette ville arrosée par la rivière Tisza : cette rivière, affluent du Danube, est un symbole de la grandeur passée de la Hongrie ; autrefois, cette rivière prenait sa source et se jetait dans le Danube en Hongrie. Maintenant, elle ne fait qu'y passer entre l'Ukraine et la Serbie.
Les quatre coordinatrices de la Roumanie de langue hongroise
La situation que je laisse n’est pas simple, car personne n’a accepté de prendre la responsabilité de coordonner cette belle province. En octobre 2015, les communautés s’étaient bien prises en main et avaient organisé leur accompagnement sur une base de proximité géographique ; cette année, après six mois, un bilan a été fait. Blanka, qui avait accepté d’être la correspondante pour la province, a déménagé et se trouve maintenant très excentrée et ne souhaite pas poursuivre au niveau provincial : elle sera vice-coordinatrice pour les communautés magyarophones de Roumanie (la quatrième après Edit, Hajni et Agi). Puis les autres vice-coordinateurs sont venus faire leur rapport. A l’issue de ces présentations, plusieurs décisions furent prises :
-          - six régions ont été créées : trois en Hongrie (Réka et Gábor, Péter et Gábor, Zsofi), une en Serbie (Etelka), deux en Roumanie avec Blanka (magyarophone) et une personne à désigner pour les communautés de langue roumaine. Le père Csaba sera l’aumônier national des communautés de langue hongroise.
Les responsables de la province (anciens et nouveaux) avec Uliana
-         -  une organisation nationale pour la Hongrie avec un correspondant (Endre) et un aumônier (père Gábor).
-          - Erika reste l'aumônier provincial.
-          - Zsofi représentera la province au conseil des coordinateurs de début juillet en Pologne.
- des priorités ont été définies pour les quatre années à venir : la formation et la mission.
Une veillée très belle a terminé cette belle assemblée dont tous les objectifs n’ont pas été atteints, mais il est bon de voir que des provinces sont suffisamment mûres pour se prendre en charge et mettre en première priorité un bon accompagnement des communautés. C’est bien ça le plus important !

Bonne chance, Uliana, je suis certain que tu auras beaucoup de bonheur à accompagner la province Danube !
L'album photo

Uliana avec Lagi



mardi 21 juin 2016

Urbi et orbi

Il s’est passé des choses assez extraordinaires à Rome les 11 et 12 juin à l’occasion du jubilé des malades et des personnes handicapées qui se tenait dans le cadre du jubilé extraordinaire de la Miséricorde. Foi et Lumière a été acteur et témoin de ces événements exceptionnels.
Acteur, car cela faisait déjà un an que ces journées se préparaient avec le conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation ; son président, Monseigneur Rino Fisichella, avait tenu à associer quelques mouvements à son organisation. C’est ainsi que Foi et Lumière et l’Arche ont participé à de nombreuses réunions de travail pour mettre sur pied le programme de ces deux jours.
Julie intervient pendant la catéchèse
Témoin, car outre une importante délégation d’Italiens (qui se sont encore une fois fortement mobilisés un an seulement après leur grand pèlerinage des 40 ans), il y avait de petites délégations venues de France (j’étais venu avec Isabelle et Julie), des USA et de Slovénie ; le père Isaac était présent également. Plusieurs catéchèses spécialisées ont été proposées en différentes langues et même en langage des signes : pour Foi et Lumière et l’Arche, nous nous sommes retrouvés dans l’église Sant’Andrea della Valle dans le vieux Rome avec Monseigneur Gérard Daucourt, évêque émérite de Nanterre (France). Le Père Gérard, comme il aime être appelé, passe une semaine par mois à Trosly pour des retraites ; il a déjà animé à plusieurs reprises des catéchèses lors de JMJ (Paris, Rome et bientôt à Cracovie) et il aime donner la parole aux personnes ayant un handicap car il dit que “ce sont elles qui nous évangélisent”. Après un très beau mime de l’Évangile du père miséricordieux préparé par l’Arche du Chicco, près de Rome, dans lequel les deux frères étaient représentés par des personnes handicapées en fauteuil, il y a eu la catéchèse proprement dite, un temps où tous ceux qui ont voulu s’exprimer ont pu le faire.
Au même moment, dans la salle Paul VI, le Pape François assistait au Congrès pour les personnes handicapées, organisé par la Conférence épiscopale italienne à l’occasion du 25ème anniversaire de la fondation de la catéchèse spécialisée en Italie. Et là, comme cela arrive souvent, le pape François a laissé de côté son discours officiel et a préféré réagir à des situations est des questions, comme celle de Serena, jeune fille trisomique qui a demandé pourquoi elle n’était pas accueillie dans sa paroisse. Il a qualifié cette attitude d’une manière très ferme : « c’est de la discrimination, une vraiment très mauvaise chose ! ». Il a beaucoup insisté sur l’accueil et l’accès aux sacrements qui devraient être proposés à tous sans exclusion. Son discours a été distribué aux participants et mérite d’êtrelu et diffusé largement.
Une actrice du mime
L’après-midi, c’était le temps de passer la porte sainte ; mais en même temps, il y avait la préparation du mime de l’Évangile de la messe du lendemain : un mime proposé par Foi et Lumière, c’est la première fois, de toute l’histoire, qu’un mime est prévu pendant une messe place Saint Pierre ! Et ce mime est préparé et réalisé par Foi et Lumière ! Julie a eu le grand honneur d'y participer. Nous avons cependant pu nous éclipser un moment pour rejoindre un groupe qui allait passer la porte sainte et Julie a très vite regagné son groupe. Je suis ensuite allé jusqu’aux studios de Radio Vatican pour une interview où je me suis exprimé sur le thème “Miséricorde et handicap”. La fin de l’après-midi était consacrée à un rassemblement des mouvements au château Saint Ange où le stand de l’Arche et de Foi et Lumière a été très fréquenté.
Tous à bord de la barque avec Isabelle et Julie
Julie et son laisser-passer d'artiste
Après un très bon dîner qui a rassemblé tous les participants de Foi et Lumière, il a fallu vite retourner dans nos logements car le départ pour la place Saint Pierre était programmé à 7h00 le lendemain matin. Nous sommes donc arrivés très tôt et avons pu rejoindre nos places : Julie avec son passe d’artiste est partie avec ceux qui allaient présenter le mime, d’autres sont allés sur les sièges à droite de l’autel, et quelques dix privilégiés, dont quatre personnes ayant un handicap étaient tout devant pour pouvoir saluer le pape François après la messe… La messe a été précédée d’un temps de témoignages dont celui de Jean Vanier qui avait été enregistré à Trosly. La messe a commencé et le grand moment tant attendu est enfin arrivé. Un mime d’Évangilesur la place Saint Pierre, du jamais-vu, et c’est Foi et Lumière qui le présente ! La synchronisation avec la lecture du diacre était parfaite, les acteurs tous excellents et on a très bien vu Marie-Madeleine mouiller les pieds de Jésus de ses larmes, les essuyer avec ses cheveux et y verser un parfum de grand prix ; l’indignation de Simon le pharisien était très visible et les explications de Jésus très claires ! L’homélie du pape qui a suivi était aussi très forte, il a proposé que nous utilisions, face à nos limites, la thérapie du sourire, « Jésus est le médecin qui guérit avec le médicament de l’amour ».
La messe
« Quelle illusion vit l’homme d’aujourd’hui lorsqu’il ferme les yeux face à la maladie et au handicap ! Il ne comprend pas le vrai sens de la vie, qui comporte aussi l’acceptation de la souffrance et de la limite. Le monde ne devient pas meilleur, parce que composé uniquement de personnes apparemment “parfaites”, pour ne pas dire “maquillées”, mais lorsque la solidarité entre les hommes, l’acceptation réciproque et le respect croissent. Comme sont vraies les paroles de l’apôtre : « Ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort » (1 Co 1, 27) ! ».
Bravo Foi et Lumière !
Après la messe, ce fut la joie de pouvoir saluer le pape, de voir avec quelle simplicité il embrassait les personnes handicapées. J’ai pu, en parlant très vite et en espagnol, lui dire combien ses paroles de la veille sur l’accès des personnes handicapées aux sacrements étaient belles et confirmaient notre mission ; il a levé le pouce en signe d’approbation !

Ces deux jours furent vraiment très beaux et riches de tout ce qui s’est passé. Il est très important, après avoir participé à la préparation de ces journées jubilaires et en avoir été les acteurs, après avoir assisté à tous ces beaux événements en tant que témoins, nous fassions largement écho des paroles dites par le pape François au sein de Foi et Lumière. Ce qui a été dit à Rome (urbi) doit être annoncé au monde (orbi).






Un petit tango place Saint Pierre

mercredi 8 juin 2016

Père Jacques Cuche, un infatigable aumônier

Une grande fête !
Ce n’est pas fréquent de pouvoir assister à la messe d’action de grâce d’un prêtre qui fête ses 70 ans de sacerdoce. De plus, quand c’est un aumônier qui a eu un rayonnement exceptionnel, c’est un événement qu’il ne fallait pas rater !
Le père Jacques Cuche a été ordonné prêtre le samedi saint 20 avril 1946 en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il a très vite rencontré des familles au sein desquelles la présence d’un enfant handicapé, outre la blessure que cela représente pour des parents, pour des frères et sœurs, génère des souffrances supplémentaires quand ils ne sont pas accueillis au sein de l’Église. Dès 1954, à Lourdes, il a rencontré ces familles qui vivaient les difficultés de se voir mal accompagnés dans ce grand site marial. En septembre 1961, par un heureux concours de circonstances, encore à Lourdes, il a célébré la messe au cours de laquelle Bertrand, un garçon lourdement handicapé a reçu la communion pour la première fois. Les autres pèlerins du diocèse avec qui il était venu à Lourdes (ses parents l’avaient abandonné) avaient refusé d’assister à cette célébration : « ça ne se fait pas ; il ne comprend rien ; on brade l’Eucharistie ! ». Le père Jacques Cuche, au contraire, ne se voyait pas "excommunier" Bertrand alors que son regard lumineux démontrait avec quelle intensité il accueillait Jésus Eucharistie en lui.


Dix ans plus tard, le premier pèlerinage Foi et Lumière avait lieu à Lourdes. Inutile de dire combien le père Jacques Cuche a été touché par cette démarche ! Il est devenu très vite un aumônier de communauté : il a été un infatigable promoteur des communautés Foi et Lumière, il en a fondé trois, a été aumônier de quatre (Notre-Dame de l’Assomption, le Sycomore, le Petit Prince, Cœur de Jésus et de Marie) et son plus grand bonheur était de préparer et d’amener les enfants handicapés à Jésus, prêt à déplacer les montagnes pour cela.
Des membres des quatre communautés étaient présents le dimanche 5 juin et la messe fut célébrée dans une grande joie. Nombreux étaient ceux qui avaient pu communier pour la première fois ou être confirmés grâce au père Cuche !


Merci père Cuche, Foi et Lumière vous doit beaucoup ! A votre suite, nous allons ouvrir les toits pour amener nos amis ayant un handicap mental aux pieds de Jésus et que cette démarche de foi issue de nos communautés fasse briller la lumière de notre bonne nouvelle le plus largement possible ! Magnificat, Alleluia !