mardi 6 juillet 2010

Camp d'été au Soudan

C'est l'été (du moins dans l'hémisphère nord !) et la saison des camps de vacances reprend. je vous propose le récit d'un camp qui a eu lieu à Umdurman, près de Khartoum au Soudan. Le Père Hans Putman en est l'auteur ; comme il le dit, c'est plus le point de vue de l'animateur spirituel que celui de l'animateur du camp, mais il rend ce petit camp si vivant, si spirituel que ça devrait donner envie à beaucoup de vivre ce genre de temps fort pendant l'été, alors, n'hésitez plus ! Imitez nos amis soudanais et partez à l'aventure au désert avec Jésus qui "prend sur lui notre faiblesse et se charge de nos douleurs" (Is 53, 4 - Mt. 8,17), c'était le thème du camp.

"En bordure du désert, sur la route de Dongola, dans un jardin de l’Eglise orthodoxe copte appelé "Couvent de la Vierge", Foi et Lumière Soudan a pu organiser pour la deuxième fois son camp d’été pour nos frères et sœurs handicapés (avec l'aide du nonce apostolique à Khartoum, Mgr Leo Boccardi et la générosité de la communauté grecque catholique !). Un coin de paradis dans le désert, de la verdure et de l'eau en abondance, grâce au travail et à la compétence des moines coptes. Le Père abbé du monastère nous a reçus à titre gracieux, par amour pour les moins privilégiés. Quelle joie quand tous se sont réunis le samedi 12 Juin à midi, en provenance de huit paroisses: 53 personnes ayant un handicap, 38 amis, 36 familles, 2 soeurs et moi, animateur spirituel (avec environ 12 enfants en bas âge que leurs mères ne pouvaient pas laisser seuls à la maison !). Un total de 142 personnes. Le 11, nous étions allés au marché pour acheter la nourriture, les deux cuisiniers étaient présents également. Aujourd'hui, chacun trouve sa place : les garçons d'un côté et les filles, les enfants et les mères de l'autre côté. La chaleur est écrasante, mais la joie d'être ensemble nous aide à la supporter.


Après le déjeuner, le programme est de se reposer ou de jouer (il ya dans le jardin balançoire et toboggan). À la fin de l'après-midi, nous nous réunissons tous ensemble, pour mieux se connaître et pour présenter le programme, avec le livret qui présente le thème du camp. Dans la soirée, sous le ciel du désert rempli d’étoiles, nous avons rendu grâce à notre Dieu et Créateur, la prière spontanée a éclaté un peu partout, demandant au Seigneur de nous bénir et de veiller sur notre camp. Mon intention n’est pas de donner des détails sur le travail manuel, les jeux et les chansons, mais plutôt d’expliquer comment j'ai essayé d'animer spirituellement notre camp. Le thème se passe de commentaire. Chaque matin, après les exercices physiques, j'ai pris un évangile parlant de la guérison : le paralytique (Mc.2 ,1-11), les sourds-muets (Mc.7 ,31-37), le lépreux (Mt 8,1-4) et enfin Zachée (Lc.19 ,1-11).
Avec l'aide d'une affiche en arabe simple, j'ai expliqué le miracle et posé des questions, après quoi tous ont été invités à venir offrir leurs demandes ... le premier jour en mettant un grain dans le sol, le second en allumant une bougie, le troisième en mettant un peu d'encens sur un charbon ardent et le dernier jour, par aspersion d'eau (guérison et pardon).
A midi, c’était le temps de la célébration eucharistique, malgré la chaleur (qui montait chaque jour jusqu’à 40 ou 45 degrés), les chants et les applaudissements ont été l’enthousiastes expression d'un autre feu, un feu sacré! Chaque jour, j'ai répété le même Evangile qu’à la prière du matin et avec l'aide d’un ami qui faisait la mise en scène, nos frères et sœurs, vêtus comme de petits Juifs ou Arabes, ont présenté leur «théâtre muet» : l'arrivée du paralytique, descendu de la hauteur de deux chaises ; Zachée montant sur une échelle ; le sourd-muet, emmené du milieu de la foule par Jésus, qui a mis ses doigts dans ses oreilles, en criant: "Ouvre-toi !" ; le lépreux avec ses cloches à ses pieds et criant : "Impur, impur . À la fin de l'après-midi, nous avions un temps de partage avec les parents, les amis et des frères et sœurs aînés, encore une fois autour du texte de l'Évangile, avec quelques questions simples, je les aidais à faire le lien entre le texte et leur propre vie. "Quel type de paralysie est la pire, celle du corps ou bien celle du cœur ou de l’âme ? Ne sommes-nous pas souvent sourds et dans l'impossibilité d'écouter nos enfants ? Vous sentez-vous, en tant que mère ou frère ou soeur d'un enfant handicapé parfois rejetés par la société, comme les lépreux? Quelle était la raison pour laquelle Zachée n'a pas pu voir le Seigneur ? Et quels sont les obstacles dans votre propre vie ? Que pouvons-nous faire ? "
La sincérité et l'authenticité des échanges fut telle qu’on pouvait se sentir profondément désarmé et interrogé personnellement.
Enfin, à la fin du programme de la soirée, je présentais une méditation avec mon propre commentaire, résumant l'expérience de la journée. Le premier jour, avec des images de la splendeur de la création de Dieu et le chant des trois jeunes hommes dans le feu (Dan.3), le deuxième jour avec Marie, Vierge de l'écoute, lui demandant d'être guéris de notre surdité. Le troisième jour, avec le monde dans lequel nous vivons, qui est lépreux à cause des conflits et de la violence, avec une demande profonde de paix et de réconciliation. Le dernier soir, nous avons eu la visite de l'abbé du monastère copte orthodoxe et évêque d’Umdurman, Anba Serapamon. Il est venu partager notre joie et assister aux chants et aux danses de nos frères et soeurs. Il a offert à chacun un soda et des biscuits et a exprimé sa satisfaction pour la présence des personnes handicapées. Après une photo souvenir, il nous a donné sa bénédiction et s’est retiré pour la nuit. Encore une fois nos frères et sœurs handicapés ont été une grâce pour nous et nos églises. Dans leur simplicité, ils détruisent les murs de séparation mieux que le dialogue entre les théologiens. Que le Seigneur unisse de plus en plus nos cœurs et nos églises et aide le mouvement de Foi et Lumière à grandir, à se développer et rendre l'amour de Dieu pour les moins privilégiés de plus en plus évident et concret."

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