mercredi 16 septembre 2015

Une session de formation tant attendue

La photo des participants
Les communautés [Foi et Lumière] à travers le monde forment une grande famille internationale. Dans chaque province, chaque pays, on porte les fardeaux, les souffrances et les joies des uns et des autres (Charte III. 4). Quand des communautés sont trop éloignées les unes des autres, cet aspect de notre charte ne peut que difficilement s’appliquer : comment former une famille quand la communauté la plus proche de la mienne est à plusieurs centaines de kilomètres, comment partager, célébrer ensemble ? Si Foi et Lumière a pour ambition de ne laisser personne seul, pourquoi certaines communautés n’ont jamais rencontré personne d’autre que les seuls membres de leur propre communauté ?
J’ai toujours eu le souci de ces pays qui ne peuvent être rattachés à une province ; même s’ils sont voisins géographiquement, l’isolement des communautés les rend extrêmement fragiles. C’est pourquoi une session de formation destinée à ces communautés a été organisée au foyer de charité de Segbohoué (Bénin) début septembre. Un rêve a pu devenir réalité pour moi, mais aussi pour les onze communautés présentes dans ces six pays : Côte d’Ivoire (1 communauté à Korhogo), Burkina Faso (1 communauté à Ouagadougou), Togo (1 communauté à Dapaong), Bénin (1 communauté à Cotonou), Nigeria (1 communauté à Ekpoma), Cameroun (4 communautés à Nkongsamba, Douala et Yaoundé, et 2 en formation à Bafang et à Bafoussam).
Après plusieurs mois de longs et minutieux préparatifs gérés depuis le secrétariat international par Guénaël et depuis chaque pays, mais surtout par sœur Marie-Antoinette au Bénin, ce fut le moment du grand départ ! Avec trois grosses valises pleines de carnets de route et de nombreux documents, nous nous sommes envolés avec Guénaël pour Cotonou où nous étions attendus par sœur Marie-Antoinette et par Philippe (papa Corneille). Le premier jour fut consacré à des activités de sensibilisation à cette formation :
Interview pour la télévision
-          Enregistrement à l’ORTB d’une présentation de la formation : ce fut diffusé dans la journée sur la chaine principale de la télévision béninoise et a eu un impact très fort ; les téléphones des responsables de la communauté de Cotonou ont sérieusement chauffé ! Beaucoup semblaient très intéressés et ne pensaient pas que cet événement qui se préparait était aussi important qu’il justifie une émission télévisée ! J’ai même rencontré deux personnes venues jusqu’à Segbohoué pour me rencontrer et en savoir plus sur Foi et Lumière !
Soeur Marie-Antoinette avec le père Jean-Raphaël
-          Entretien sur la mission de Foi et Lumière pour la radio "Immaculée Conception" par son responsable, le père Jean-Raphaël Marie, de la congrégation des Frères Franciscains de l’Immaculée. Il a été touché par notre rencontre et a proposé de faire enregistrer les temps d’enseignement, pour que les participants puissent emporter avec eux le CD de l’ensemble des conférences et des échanges qui s’en sont suivis. Il fallait voir, le dernier jour, le gravage des CD qui se faisait (quatre par quatre) en trois minutes ! Il est venu lui-même deux fois jusqu’à Segbohoué.
-          Visite à l’archevêque de Cotonou, Monseigneur Antoine Ganyé, qui vient de célébrer ses 20 ans d’épiscopat (le 20 août au cours d’une messe présidée par le Cardinal Robert Sarah et en présence de M Boni Yayi, président de la république). Cet entretien fut très simple et chaleureux et a porté principalement sur la valeur humaine et spirituelle des personnes ayant un handicap mental, sur la nécessité pour l’Église de reconnaître en elles une lumière qui peut nous éclairer nous-mêmes… et sur la nécessité de leur faciliter l’accès aux sacrements. Monseigneur Ganyé m’a dit avoir été sensible à mes propos.
-          Visite à la Révérende Mère Emma Gbaguidi, Supérieure Générale des Sœurs de Saint Augustin. Cette rencontre fut aussi un moment extrêmement joyeux, nous avons même été invités à dîner dans une ambiance très familiale. La sœur Marie-Antoinette a une supérieure qui la soutient bien dans ses activités auprès de Foi et Lumière !
En parallèle, la journée fut ponctuée par les péripéties des Camerounais dont le vol d’arrivée le lendemain allait sans doute tomber à l’eau, la compagnie Camair Co ayant quelques soucis qui l’obligeaient à annuler de nombreux vols ! Finalement, après de nombreux coups de fil avec le secrétariat à Paris et avec les Camerounais, le problème put être résolu, mais cela a nécessité beaucoup de sacrifices et engendré pas mal de frustrations… Les Camerounais n’ont finalement pu venir qu’à 11 au lieu de 23 et sont arrivés avec un jour de retard (pour neuf d’entre eux et deux pour les deux autres)… On peut facilement imaginer que les onze qui sont venus ont été tout de même heureux de pouvoir participer… et que les 12 qui sont restés au pays ont été bien malheureux (certains s’étaient fait faire un passeport pour l’occasion, s’étaient fait vacciner et avaient dû demander un visa)…
Le deuxième jour, nous avons pu rejoindre le lieu de la rencontre, le foyer de charité de Segbohoué, à une heure de route de Cotonou. Sur le trajet, Philippe et son fils Corneille nous ont emmené à Ouidah, célèbre (une bien triste mémoire) pour son centre de départ des esclaves vers l’Amérique. Il y a sur la plage un monument commémoratif, la porte dite du "non-retour". Curieusement, juste à côté de cette sinistre porte, il y en a une autre qui a été élevée en mémoire de l’arrivée des premiers missionnaires en avril 1861 qui marqua le début de l’évangélisation du pays.
Le foyer de charité de Segbohoué
Une fois l’installation effectuée, il était temps de démarrer la formation qui a duré du mercredi au soir jusqu’au dimanche après le déjeuner. Ce fut merveilleux de voir ces 60 personnes avides de mieux connaître Foi et Lumière : les nombreuses questions posées après chaque temps de parole permettaient de bien éclaircir tout ce que je n’avais pas pu dire et montraient que tous avaient bien écouté et étaient très désireux de revenir à la maison avec le maximum de choses pour partager avec le reste de la communauté, pour rendre compte dans chaque diocèse, pour avoir les moyens d’annoncer notre bonne et joyeuse nouvelle et faire grandir Foi et Lumière dans cette région du monde. Il y a eu comme dans toute rencontre Foi et Lumière :
-          des temps de partage : il y a eu des groupes de partage qui ont permis d’échanger les expériences de chacun, il y a eu des ateliers qui ont porté sur la préparation de la prochaine rencontre de communauté avec le nouveau carnet de route, et à chaque instant il se passait toujours quelque chose et les échanges ont été nombreux pendant les repas ou pendant les pauses.
-          des temps de fête, notamment le dernier soir a été consacré à la traditionnelle "fiesta" et ce genre d’événement est particulièrement bien réussi quand ça se passe en Afrique : danses, sketches, mimes, cuisine locale… tout était fait pour que chacun se sente bien avec le groupe. Il était difficile d’imaginer que tout ce petit monde ne se connaissait pas la semaine précédente !
-          des temps de prière avec les membres du foyer, une célébration du lavement des pieds (une première pour la plupart des participants), le chapelet récité à l’aides des "mystères de Foi et Lumière", des messes dont la dernière, la messe du dimanche, fut particulièrement animée… deux chorales avec des chants traditionnels africains, des processions (entrée, offertoire, sortie) accompagnées en rythme par des danseuses. La messe a duré assez longtemps… mais nous n’avons pas vu le temps passer !
Les temps d’enseignement (deux par jour) suivaient le texte de la prière de Foi et Lumière. Notre prière est très belle et permet, en la suivant du début jusqu’à la fin, d’aborder tous les thèmes que je souhaitais traiter : le mystère de la fragilité, la personne handicapée source de paix et d’unité, l’appel reçu à rejoindre une communauté (et l’invitation à appeler les autres), la communauté Foi et Lumière où on partage, prie et célèbre, les membres des communautés, la nécessité de toujours se nourrir de la Parole et de l’Eucharistie, la passion et la résurrection de Jésus comme source et sommet de nos vies de communauté.
L'atelier organisé pour les personnes handicapées
Un moment particulièrement émouvant fut les témoignages d’une personne de chacun des pays. La situation des enfants handicapés qui nous été présentée par ceux et celles qui les ont vécues est loin d’être enviable… Rosemary, du Nigeria, qui était présente à la session, vivait cachée par ses parents pour qui elle était une malédiction ; des membres de la communauté Foi et Lumière n’ont pas hésité à la sortir de là : pendant la session, toujours bien habillée, toujours souriante, elle a montré, au cours d’un atelier pour les personnes handicapées présentes, qu’elle pouvait faire de belles réalisations en enfilant de toutes petites perles !
Avant de partir, après la traditionnelle photo de famille, nous étions nombreux à échanger des adresses. Maintenant que nous avons rompu l’isolement, il n’est plus question de rester seuls ! Il y a des promesses de se revoir, de s’organiser pour qu’un jour, Foi et Lumière ayant tellement grandi, tous se retrouvent dans une nouvelle province, une province dynamique, portant de nombreux fruits, une structure construite sur une pierre d’angle solide !

Je dois remercier chacun des participants pour leur attention bienveillante, pour leur engagement et leur détermination à faire grandir Foi et Lumière, chacune des personnes handicapées pour leur présence toujours fidèle : elles nous ont bien aidé à saisir la raison de notre présence à Segbohoué. Je remercie tout particulièrement la sœur Marie-Antoinette qui a beaucoup fait sur place pour que tout se passe bien et pour que chacun se sente bien accueilli. Je remercie enfin le père Denis, du foyer de charité, qui nous a si bien accueillis : je suis toujours heureux de passer du temps dans un foyer de charité, il y a tant de choses que nous partageons…
Perpétue
L'album photo







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