jeudi 6 novembre 2008

Sans Foi et Lumière, la vie finit en cul-de-sac !



Le jury du Prix Fémina décerne chaque année à Paris début novembre un prix littéraire. Cette année, c'est un livre, écrit par Jean-Louis Fournier, père de deux enfants sévèrement handicapés, qui a été récompensé. Les commentaires ont tous été très élogieux, disant que ce livre est plein d'humour, qu'il ne verse pas dans le pathos, bref, que c'est un livre qu'il faut lire sans attendre ! Je n'ai donc pas attendu et je l'ai lu d'une seule traite. Je recommande moi aussi la lecture de ce livre, mais avec un jugement plus critique et nuancé que tout ce que j'ai pu lire jusqu'à présent.

Le livre donne en effet une petite idée de l'immense souffrance d'un père de deux enfants handicapés qui a vécu trop seul sa situation éminemment douloureuse, sans soutien bienveillant, sans espérance. Les commentaires sur ce livre ne parlent que de son humour décalé, mais il faut dire que cet humour est noir, très noir, proches des "idées noires" des bandes dessinées du même nom de Franquin ; et le livre se termine sur une note très pessimiste ("ma vie finit en cul-de-sac"), ce qui m'a mis très mal à l'aise quand je l'ai refermé.

Je réagis en père d'une fille handicapée ; je comprends mal comment Jean-Louis Fournier a pu vivre plusieurs dizaines d'années avec ce poids sur les épaules sans communiquer avec de bons amis, sans avoir la possibilité de partager, de poser son sac sans avoir peur du regard, des commentaires des autres... Moi, je n'aurais pas pu... 

Ma conclusion est que Foi et Lumière est une chance énorme pour des parents, et ce livre en est une preuve par défaut éclatante ! Il ne faut pas rester seul dans son malheur. Marie-Hélène Mathieu raconte souvent l'histoire de Francesco, père de Sabina, très handicapée... mais je la laisse raconter elle-même :

Une autre fois, Francesco étant devenu vice-coordinateur international de Foi et Lumière, nous sommes allés visiter le responsable d'une association caritative pour lui demander une subvention pour un pèlerinage. Nous avons présenté ce qu'était Foi et Lumière. Le responsable, après nous avoir écoutés attentivement, a déclaré : « C'est très beau, ce que vous faites, mais comment voulez-vous que notre association vous accorde quoi que ce soit ? Comment voulez-vous que je présente un dossier ? Vous ne créez pas d'école, vous ne créez pas d'ateliers, vous ne créez pas de foyers, vous ne faites rien… »
Francesco a répondu : « Vous pensez que nous ne faisons rien ? Eh bien, je vais vous dire ce que nous faisons ! » Et il a commencé à raconter sa vie avec Olga, Sabina, Max, sa famille morcelée, divisée, et comment Foi et Lumière leur avait redonné espérance dans le don de leur petite fille et ses possibilités. Cette petite fille, non seulement n'était pas un échec, mais elle était parmi ceux que le Seigneur préférait. 
Francesco a ajouté : « Une famille qui retrouve son unité, qui est capable d'aller dire à d'autres son espérance, une famille dans laquelle le petit enfant handicapé peut découvrir sa place privilégiée, cela n'a pas de prix, cela vaut tous les « Concorde » du monde. Or, des familles transformées comme la mienne, il y en a des milliers dans le monde ! Voilà ce que fait Foi et Lumière… » Le responsable a dit : « J'ai compris. J’ai compris que ce que vous faites est essentiel, peut-être plus important encore que de créer des murs… »

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