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Avec Cheryl et Soeur Bertha à Malacca |
J’ai rencontré Sœur Bertha au pèlerinage de la province
Couleurs d’Asie en Malaisie. C’est elle qui avait aidé au financement de cet
événement en faisant travailler des femmes des bidonvilles avec lesquelles elle
a vécu pendant 25 ans. J’avais été très impressionné par cette femme douce et
pleine d’énergie ! J’ai été encore plus impressionné quand j’ai lu ce
témoignage envoyé par Luisa Lowe, vice-coordinatrice provinciale. La SœurBertha, a beaucoup
apprécié le pèlerinage auquel elle avait été invité pour qu’elle se rende
compte de ce à quoi avait servi la collecte de fonds qu’elle avait faite, et à
peine rentrée chez elle, elle a démarré une nouvelle communauté ! Ce n’est
pas dit dans le témoignage de Luisa, mais j’imagine que les mamans qui sont
dans cette nouvelle communauté sont celles qui, par leur travail, ont permis
que le beau pèlerinage de Plentong ait lieu !
Ma belle amitié avec Sœur. Bertha a débuté en juillet 2011,
lorsque 4 différentes organisations se sont réunies dans un projet commun de
collecte de fonds. Parmi les nombreuses personnes qui ont participé à ce
projet, il y avait Sœur Bertha qui a pu, grâce à Dieu, participer à la joie du
pèlerinage de la province "Couleurs de l’Asie" à Plentong, Johor
Bahru (Malaisie) du 9 au 12 février. Ce fut un beau pèlerinage dont on se
souviendra longtemps.
A notre retour, Sœur Bertha a très vite voulu démarrer une
communauté et elle m’a invitée à partager cette joie. Notre première
réunion (apprendre à se connaître les uns les autres) a eu lieu chez la Sœur Bertha le 17
février. J'étais tellement heureuse que je n’ai pas hésité à faire les 50
kilomètres qui me séparent de là où habite Sœur Bertha. Comme je
ne parle pas le tamoul, elle fut mon interprète ce jour là. Avant la réunion,
j'avais parlé à Valerie pour l'informer et pour lui demander conseil car
c’était pour moi la première fois que je voyais naître une nouvelle communauté.
Apprendre à connaître mes nouveaux amis et écouter leurs témoignages m'a mise
tout de suite très à l'aise. Ils étaient tous prêts à partager leur histoire.
Lorsque notre réunion s'est terminée, j'ai été remplie de joie et de paix et
j’ai rendu grâce à Dieu pour avoir été choisie d'être sa messagère de la joie.
Nous nous sommes serré la main et nous nous sommes embrassés (c’était comme si
nous nous connaissions depuis très longtemps) et nous avons choisi la date de
la réunion suivante.
J'étais pleine de joie, et pendant le trajet de retour ce
soir-là, je me disais : "Avec qui vais-je partager cette joie
?", "Devrais-je inviter quelqu'un à se joindre à moi pour la
prochaine réunion, quelqu'un qui comprendrait / parlerait le tamoul, quelqu'un
dont la vie serait également changée, quelqu'un à qui serait donnée
l’opportunité d’animer un groupe de partage avec les parents ?" et
j’ai aussitôt pensé à ma chère amie, Grace. Aussitôt rentrée chez moi, j’ai
envoyé à Valerie une photo de la communauté, nous avons parlé de la réunion et
partagé mes réflexions. Comme Valerie m’avait donné son accord, dès le
lendemain j'appelais Grace pour l'inviter à la prochaine réunion : elle a
été très heureuse de cette proposition et a tout de suite dit «oui».
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Luisa et Valerie |
La deuxième réunion a eu lieu le 25 mars et, comme prévu,
Grace, avec Lucas, son fils handicapé, se sont joints à moi ce jour-là. Nous
avons commencé la réunion par une prière et chaque personne a eu la possibilité
de se joindre à ce temps de prière. Comme il s'agit d'un groupe
inter-religieux, notre prière s’est adressée directement à Dieu. Grace a animé
le groupe de partage des parents avec Sœur Bertha ; pendant ce temps, je
suis restée avec les personnes ayant un handicap pour lesquels j’avais préparé
des activités.
Sur le chemin du retour ce soir-là, Grace m’a partagé ses
sentiments et je n'oublierai jamais ce qu’elle m’a dit, combien elle
était heureuse d’être venue et d’avoir pu animer le groupe de partage
des parents : "La vie n'est pas aussi mauvaise que je
croyais", "Je suis tellement heureuse d'avoir rencontré ces
nouveaux amis" et "je remercie Dieu de m'avoir choisi ». Notre réunion
suivante a été fixée au 22 avril. Je peux dire que ce devait
être notre première réunion officielle de la nouvelle communauté,
baptisée Selayang : elle est composée de 2 parents (Vimala et Munimah qui sont
des mamans), 2 sœurs (Abi et Nellamah), 1 grand-mère (Marysinama),
4 enfants handicapés (Manga, Veeteeveeran, Lavanyah et Mogana) et
une amie (Sœur Bertha).
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La communauté Selayang |
J'avais parcouru avec Valerie le programme de la
célébration et elle m’a dit qu’elle en avait parlé avec Anne-Marie qui
était tout aussi excitée ! Quand j’ai reçu l’email de Anne-Marie,
j'ai été si heureuse de me savoir soutenue par ses prières, fruits du partage de
nos actions. Nous ne sommes jamais seuls ! Les confirmations que nous
recevons sont donc rassurantes.
Il y eut de nombreux défis à affronter avant cette célébration
:
- Mes filles ont des cours le dimanche et
c’est toujours mon mari qui va les chercher. Quelques jours avant la
célébration, il m'a dit qu'il devait partir pour son travail et qu'il
ne pourrait pas le faire ; il m’a donc demandé d'aller chercher les filles à
sa place. Je lui ai dit qu’il y avait cette célébration Foi et
Lumière, mais s’il le fallait, je demanderai à changer la date. Il a
dit que ce n’était pas nécessaire et que notre fils Joshua pourrait nous
aider. Pourtant, Joshua travaille le dimanche, mais Dieu a
mystérieusement fait le nécessaire, car ce dimanche là, Joshua n’a travaillé
que jusqu'à 17 heures et a donc été en mesure d'assumer la
tâche de son père et aller chercher ses sœurs après leurs cours.
- La veille de la célébration, Reena, qui
avait auparavant confirmé vouloir se joindre à la célébration,
m'a appelé pour dire que sa grand-mère était malade et ne
pourrait donc pas venir.
- Quand j'ai appelé Grace le matin, elle était
désolée car elle avait mal noté la date de la rencontre et elle avait pris des
dispositions pour recevoir sa nièce à déjeuner.
- J'ai appelé Ursuline, une personne handicapée,
qui m’a dit qu’elle ne pourrait pas non plus se joindre à nous car sa mère
était malade et avait besoin d’elle à la maison.
Je me suis tournée vers Dieu et dit: "Mon Dieu,
je laisse tout entre Tes mains, que Ta volonté soit faite". Quelques
minutes plus tard Grace m’a rappelé pour me dire qu'elle avait
réaménagé son calendrier avec sa nièce et qu’elle pourrait
venir. «Dieu soit loué !».
La célébration a commencé par une prière de
louange à Dieu pour ce merveilleux rassemblement inter-religieux. Chacun a
pu louer Dieu à sa manière. Nous avons partagé les événements du
mois passé, puis nous nous sommes réunis en petit groupes. Grace a
animé le groupe des parents avec Sœur Bertha pendant
qu'avec Lucas, j'animais les activités avec les personnes
handicapées.
Au cours du partage des parents, on leur a demandé de
partager leurs sentiments / pensées au temps de leur
grossesse, comment elles se sont senties après avoir appris l'état de
leur enfant et voici quelques extraits de leurs témoignages :
- Puisqu'il s'agit de notre fille, nous ne
devrions pas l'abandonner, mais nous ne voulions pas d’autres
enfants pour mieux prendre soin d'elle. Mais maintenant, nous
avons deux autres garçons, valides. Elle n'est pas si difficile après
tout, car elle est en mesure de faire des choses que
d’autres ne peuvent pas faire. Nous lui avons donné la responsabilité de
réparer une petite échoppe que nous avons à l'entrée de notre
maison.
- Malgré notre pauvreté et l’insistance de certains membres de
la famille qui me poussaient à avorter, car cet enfant venait trop
tôt après mon premier enfant, mon mari a insisté pour que nous
gardions cet enfant que Dieu nous avait donné. Nous allons nous
en sortir.
- Quand il était jeune, mon frère a été mordu par
des voyous et il s'en est trouvé handicapé. Mes 2 sœurs (nous
ne sommes pas toutes mariées) et moi vivons ensemble avec mon
frère. Nous avons pris sur nous-mêmes pour prendre soin de
lui car nos parents ne sont plus vivants. Il peut être
parfois très agressif et nous n'avons pas d’autre choix que de
l'enfermer à la maison quand nous allons au travail.
Pendant ce temps, j’ai demandé à nos amis handicapés de
faire un dessin exprimant leurs sentiments. Ils ont ensuite été invités à
s’exprimer en mots ou par gestes :
- Heureux d'être ici !
- Heureux d'avoir de nouveaux amis !
- J'aime bien venir ici et être parmi vous tous !
- Je suis heureux, j'ai été invité à venir ici aujourd'hui, j'ai maintenant de
nouveaux amis (sœur de Mogana, notre amie handicapée)
Ensuite, je leur ai appris le "Chant de bienvenue". Tous ont été
heureux et ont tapé dans leurs mains. A leur tour, ils m’ont appris un chant
indien, et nous nous sommes bien amusés. La chanson exprimait le sentiment de
joie dans la connaissance de Dieu (d’après la traduction qu'on m'a donnée). Ça
m’a fait venir les larmes aux yeux, en pensant que nos amis handicapés ne cessent
de m'apprendre le sens de l'amour et la foi qu'ils ont en Dieu (peu importe qui
est Dieu pour nous).
Notre prochaine rencontre aura lieu le 27mai, et je suis impatiente d’y aller !