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Un très beau flamboyant ! |
Sur le chemin du retour du Cap, j’ai passé trois jours au
Zimbabwe : cela faisait cinq ans que je n’étais pas venu dans ce beau
pays ! Ces trois journées furent très denses et riches en rencontres !
Je fus accueilli à mon arrivée par le Père David Harold
Barry, sj, et par Remedio (Rem) Fernandes. C’était très touchant de voir
ensemble les deux personnes qui, à la suite d’une visite de Jean Vanier en 1982,
avaient pris l’initiative de démarrer Foi et Lumière au Zimbabwe ; j’ai
même eu le privilège de voir le lieu (la maison de Rem et Ann) où avait eu lieu
la première réunion de fondation ! A la suite de cette réunion, comme le
rappelle Marie-Hélène dans son livre (page 281), le Père David s’est émerveillé :
« A la fin de la rencontre, nous nous sommes regardés les uns les autres
avec grand étonnement de ce que nous venions de découvrir… C’était
littéralement comme un trésor caché dans un champ. » Depuis 30 ans, Foi et
Lumière a vécu au Zimbabwe, avec ses joies et ses peines, ses réussites et ses
échecs, mais toujours une équipe solide a pu accompagner les communautés. J’ai
eu la joie de rencontrer les piliers de cette équipe si dévouée : le Père
David, toujours présent, Elinata (à Bulawayo), coordinatrice de la province
Afrique Capricorne, Artkin Muwishi, qui, même s’il a déménagé de Kwekwe jusqu’à
Zwishavane, continue de porter la flamme de Foi et Lumière dans son cœur,
Lorraine (à Kwekwe) et Time Baluwa (à Harare). Tous portent le souci
d’entretenir la petite semence, d’en prendre soin, de la faire grandir jusqu’à
ce qu’elle ressemble aux beaux flamboyants dont les fleurs illuminent les
paysages du Zimbabwe en cette saison. Et ils vont y arriver car leur foi est au
moins aussi grande qu’une graine de moutarde… et un jour les oiseaux viendront
faire leur nid dans ces beaux flamboyants !
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La communauté de Chitungwiza |
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Une maman et son fils |
Le premier jour, nous sommes allés voir la communauté de
Chitungwiza, à côté de Harare : un mardi matin, le rendez-vous avait été
fixé à 11 heures… je m’attendais à ne voir qu’une poignée de personnes… mais Mai
Mutara and Leonard Chipeperengo avaient réuni une bonne cinquantaine de
personnes qui nous accueillirent merveilleusement, à l’africaine, avec des
chants et des danses ! Cette communauté fait partie de celles qui, pendant
les années difficiles que ce pays a vécues, ont continué à se réunir !
Même s’ils n’avaient plus de nouvelles, plus de carnet de route, ils avaient
toujours la réunion mensuelle, cette réunion qui fait tant de bien à
tous !!
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Tabeth et sa grand-mère |
Ensuite, nous sommes allés rendre visite à Tabeth, une jeune fille
de 19 ans, qui vit avec sa grand-mère. Tabeth n’a pas de handicap mental, mais
elle est en fauteuil roulant (obtenu grâce à Foi et Lumière) et ne peut plus
aller à l’école… Ses parents sont morts et elle n’a pas d’autre famille que sa
grand-mère… Le quatrième temps permet à Tabeth de recevoir des visites :
c’est très important, c’est vital, de conserver des liens d’amitié entre les
rencontres. Aller à la rencontre des personnes handicapées isolées ne doit pas
se faire qu’une fois par mois ! Et puis, même s’il ne s’agit pas de
handicap mental, il faut le faire aussi, on ne doit pas faire ce genre de
ségrégation !
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Chez Tobias |
L’après-midi, nous sommes allés de l’autre côté de Harare, chez
Tobias Chindime, voir des membres de la communauté Batanai Mabvuku. Là aussi,
j’ai vu beaucoup de joie et ce fut une
belle rencontre. Tobias, vice-coordinateur
provincial, m’a dit comment allaient les 5 communautés qu’il accompagne (au
passage, encore une fois, j’ai eu la confirmation qu’un bon accompagnement,
c’est une visite à chaque communauté une fois par trimestre…) ; de plus,
il y a une nouvelle communauté qui démarre et une autre, plus ancienne, qu’il
essaie de faire redémarrer !
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Artkin |
Le lendemain, grande journée à Kwekwe. Cette ville est à
plus de
200
kilomètres de Harare, mais c’était l’occasion de
retrouver Artkin et Lorraine ! Kwekwe a été le lieu où 167 personnes des
communautés du Zimbabwe se sont retrouvées en septembre pour fêter les quarante
ans de Foi et Lumière. Et le souvenir de ce grand et bel événement était encore
dans les cœurs, il redonnera certainement beaucoup de vie et d’élan ! Chez
Selina Mazhindu, nous avons
chanté, dansé et fait la fête avec ceux que
j’avais déjà rencontrés il y a cinq ans. Nous avons aussi eu le temps de faire
une petite réunion de "travail" avec le Père David, Time, Artkin et
Lorraine : organisation de la prochaine réunion de la province, prise en
compte de besoins de communication, de formation…
Et puis, c’était déjà l’heure de repartir, Harare est à plus
de trois heures de route !
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On est bien à l'Arche ! |
Le troisième jour, nous sommes allés rendre visite à l’Arche
de Harare, dans le quartier de Waterfalls : j’y ai reçu un très bon
accueil, le Père David a célébré la messe et nous avons pris le repas avec la
communauté.
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Florence et sa fille |
L’après-midi, nous sommes allés chez Florence Kabaydondo,
coordinatrice de la communauté de Kudakwashe, où sept personnes étaient là pour
nous accueillir. J’ai été frappé par la belle manière dont cette communauté vit
l’œcuménisme : il y avait trois mamans présentes, dont Florence qui est
anglicane, les deux autres étant catholique et méthodiste. Les réunions sont
organisées dans la paroisse catholique, car il n’est pas possible de le faire
dans la paroisse anglicane pour deux raisons : crainte de prosélytisme et
à cause de la confusion qui règne depuis l’entrée en dissidence de Norbert
Kunonga (qui a fondé l’Église de la province du Zimbabwe début 2008 et a
récupéré tous les lieux de culte !) L’Église anglicane se réunit "sous
les arbres" alors que les églises sont quasiment vides… Mais le 19
novembre, la cour suprême du Zimbabwe a finalement ordonné la restitution des
biens et propriétés de l’Église anglicane…
Nous les avons encouragés à faire les réunions
alternativement dans chacune des paroisses, cela devrait permettre à la
communauté d’être plus visible. A cette réunion, Bothwell, un jeune homme ayant
un handicap mental qui prenait beaucoup de notes de tout ce qui se disait, m’a
demandé si Foi et Lumière pouvait l’aider à monter un petit commerce ? Je
lui ai dit que ce n’était pas dans notre mission, que nous ne faisions
qu’encourager les personnes comme lui à sortir de leur isolement, à créer des
liens d’amitié… et que ce premier pas était certainement le plus difficile à
faire. Le deuxième, c’est celui qu’il peut faire lui-même, avec l’aide de ses
amis. Ce genre de propos n’est jamais facile à tenir, quand on voit l’extrême
pauvreté des membres des communautés des pays comme le Zimbabwe, mais Florence
est venue à mon aide, et elle a parlé aussi à Bothwell : elle lui a dit
qu’avant de connaître Foi et Lumière, elle pleurait tout le temps à cause de sa
fille handicapée, et que maintenant qu’elle pouvait partager avec d’autres dans
sa communauté, elle a retrouvé la joie de vivre et qu’elle peut maintenant
aider d’autres à retrouver ce sourire qu’elle avait perdu !
Et puis il fallait déjà repartir… je ne sais pas si ma
visite a pu faire du bien à Foi et Lumière au Zimbabwe, en tout cas, je
remercie le Père David et tous ceux que j’ai rencontrés dans ce si beau pays
pour leur accueil chaleureux et le temps qu’ils ont donné pour m’accompagner
dans toutes ces rencontres… je suis allé à la rencontre de communautés, je leur
ai dit que pour moi, c’était important de connaître ce qui se passe à
l’intérieur de leurs communautés, que ça me faisait du bien de voir comme ils
vivaient, malgré toutes les difficultés, magnifiquement l’esprit de Foi et
Lumière ! Et comme je leur ai dit en partant, je suis venu au Zimbabwe en
2002, en 2007, en 2012, j’espère revenir avant 2017 !!
Les photos