Mon séjour à Manille, outre l’assemblée provinciale des
Couleurs de l’Asie, fut aussi un temps de découvertes qui sont allées bien plus
loin qu’une connaissance superficielle de ce pays que je découvrais. Avec ces
quelques petits événements, vous verrez que je n’ai pas été un simple visiteur
suivant les recommandations des guides touristiques !
Chez les Dehesa, sur les pas du Père Joseph |
J’ai été accueilli le dernier jour par Bella Feliciano, que
je n’avais pas revue depuis bien longtemps ; nous avons, comme membres du
Conseil International, beaucoup et longtemps “travaillé” ensemble, et nous
n’avons pas fait qu’échanger des souvenirs avec nostalgie. Aucun programme
n’avait été préparé, et en repartant, Bella m’a demandé :
« Aimerais-tu voir les lieux où le Père Joseph Larsen a vécu et où nous
avons démarré Foi et Lumière » ? Quelle question ! « Oui,
bien sûr » ! Et le séjour chez Bella s’est alors transformé en
pèlerinage sur les pas du Père Joseph ! Nous avons pris la direction d’un
des quartiers les plus pauvres de Manille et nous nous sommes arrêtés chez les
petites sœurs de Jésus qu’il avait longtemps cotoyées, puis chez des amis de la
première communauté où nous sommes allés à pied comme ça se faisait à
l’époque ! Chez Bella, nous avons feuilleté les albums photo et j’ai pu
découvrir un aspect de la vie du Père Joseph que je connaissais mal et j’en ai
été très touché et heureux !
The house of the rising sun ! |
Il y a un lieu que le Père Joseph connaissait bien, et dont
j’avais souvent entendu parler par Gwen, une autre ancienne amie du Conseil
International : il s’agit de la grande prison de Bilibid. Ce n’est pas une
prison perdue au milieu de la nature avec des grands murs, des miradors et des
barbelés… c’est une vraie ville qui s’étend sur 600 hectares et où
vivent, outre les prisonniers, tous ceux qui participent de près ou de loin à
ce véritable écosystème ! Les habitations des gardiens de prison, les commerces,
les écoles… sont réparties sur cet immense territoire, et trois grands
bâtiments accueillent des prisonniers, un pour les peines les plus sévères (au
dessus de vingt ans), un pour les peines moyennes et un pour ceux qui en sont à
moins d’un an de leur libération Un simple coup de fil a suffi et Gwen a pu
nous emmener dans la deuxième enceinte (peines moyennes) : l’entrée a été très
facile, une signature, un coup de tampon sur le bras et une fouille (très
sommaire) et nous étions à l’intérieur ! Nous sommes allés dans le
bâtiment où les prisonniers peuvent suivre des cours de formation (appelé
Université du Perpétuel Secours) : il y a toutes sortes de cours et une
salle est réservée à la musique (instruments, chant) dans laquelle trois
prisonniers étaient en train de jouer. En revenant un peu plus tard, on nous a
fait entrer pour un spectacle improvisé, un chœur de prisonniers était là pour
nous ! Ils ont interprété deux chants avec une très belle chorégraphie,
puis ils m’ont demandé si je voulais chanter quelque chose et j’ai demandé
s’ils connaissaient “the house of the rising sun” ? Ils connaissaient,
bien évidemment, et me voilà au micro, accompagné à la guitare et au
synthétiseur, en train de chanter cette chanson sur le pénitencier de la
Nouvelle Orléans !!! Ce fut une expérience qui m’a beaucoup touché !
Les prisonniers n’avaient pas l’air d’être des gros durs, il y en avait un dont
la femme et les trois enfants (le dernier était tout petit) étaient présents et
le fils était très fier de montrer à son papa qu’il pouvait suivre la
chorégraphie pendant le chant. Nous nous sommes salués très chaleureusement en
partant et Gwen, qui travaille dans cette Université bien particulière, m’a dit
que les prisonniers étaient un peu comme ses propres enfants ! Des prêtres
viennent régulièrement pour célébrer la messe et ils en repartent changés…. Le
Père Joseph était très régulièrement présent et je l’imagine bien dans cet
univers si particulier…
Le lendemain, Bella m’a emmené visiter un centre d’accueil
pour personnes handicapées mentales, une grande institution où les personnes
accueillies sont très nombreuses et sont en général abandonnées, ce qui fait
que leur date d’anniversaire est le jour de leur arrivée dans ce centre et que
leur prénom est le saint du jour… J’y ai senti un grand dévouement, mais aussi
une dimension trop grande et, bien sûr, pas ou très peu de présence des
parents…
Les dégâts de Glenda |
Quelques jours avant mon arrivée à Manille, un typhon nommé
Glenda a traversé la zone métropolitaine de la capitale avec une grande
violence (plus de vingt morts et des dégâts matériels très importants, des
quartiers sont restés sans électricité pendant plusieurs jours…). J’ai pu voir
des arbres déracinés et les stigmates que Glenda avait laissés derrière
elle ! Mais j’ai vu aussi la grande solidarité entre les Philippins !
Jean Vanier raconte souvent l’histoire d’une visite au Chili où sur la route de
l’aéroport, on lui montrait les quartiers pauvres d’un côté de la route et de
l’autre les quartiers riches protégés par l’armée et la police et celui qui lui
montrait cela ajoutait : « personne ne traverse la
route ! ». Je peux dire qu’à Manille, il y a des gens qui traversent
ce genre de routes et que les communautés Foi et Lumière rassemblent bien les
uns et les autres !
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