Le 15 mai 2022, à Rome, j’ai assisté avec Isabelle à la messe de canonisation de Charles de Foucauld, en mémoire de mon beau-père, officier de l’armée de terre, Saint-Cyrien de la promotion Charles de Foucauld. Ce fut une très belle célébration et la Place Saint-Pierre était pleine à craquer – il faut dire qu’ils étaient dix ce jour-là à devenir saints !

A Nazareth, tout d’abord, il a découvert qu’il serait
toute sa vie à la recherche de la dernière place, celle que Jésus a voulu
prendre pour rejoindre les plus pauvres et les plus petits. La théologie de la
dernière place, nous la connaissons bien quand nos amis ayant un handicap sont
privés des bonnes places dans les églises, voire de l’accès aux sacrements.
Nous apprécions beaucoup les mots de Saint Jacques dans sa lettre :
« Écoutez donc, mes frères bien-aimés ! Dieu, lui, n’a-t-il pas
choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour en faire des riches dans la
foi, et des héritiers du Royaume promis par lui à ceux qui l’auront
aimé ? » (Jc 2, 5).
Un autre trait de la personnalité de Saint Charles fut
sa proximité avec Jésus, il voulait s’abandonner au Père comme Jésus l’a fait à
Gethsémani. Toute sa vie, il a voulu être proche de ceux qu’il rencontrait
comme il se voulait proche de Jésus dans sa prière, se reposer sur son cœur,
comme ce cœur rouge cousu sur son habit. Nous aussi, nous pouvons dire que, dans nos communautés, nous ne faisons pas grand-chose pour, car nous
préférons être avec.
Toute la vie de Charles a été habitée par une grande
tension, entre la volonté de tout donner pour suivre Jésus d’une part, et
l’incertitude de ce que Jésus attendait de lui d'autre part. Il lui fallait être toujours
attentif à ce que Jésus attendait de lui, sans toujours savoir quoi… d’où de
grandes valses-hésitations entre les différentes périodes de sa vie… Oui, je
veux être moine pour vivre avec les plus pauvres, non, je ne veux pas être
prêtre pour ne pas mettre de barrières vis-à-vis de ceux dont je me veux
proche, oui je veux être prêtre pour pouvoir rendre Jésus présent…
L’histoire de Foi et Lumière est aussi pleine de ces rebondissements. Nombre de
prévisions d’implantations de communautés n’ont pas été concrétisées, mais par
contre elles sont nées là où nous ne les attendions pas ! Comme le dit par
exemple Marie-Hélène dans son livre "Plus jamais seuls", Foi et
Lumière devait démarrer au Burundi, mais c’est au Rwanda que ça a marché (et au
Burundi quelques années plus tard). Je suis allé au Bénin pour répondre à
l’invitation de quelques jeunes qui n’ont pas fait ce qui était attendu d’eux,
mais une religieuse rencontrée presque par hasard, a fait démarrer Foi et
Lumière dans le pays !
Il y aurait encore bien des choses à dire sur ce grand
saint... Un dernier souvenir me revient en tête… le 15 octobre 2008, juste
avant le vote pour élire le nouveau coordinateur international, je me souviens
que l’on m’a tendu un micro pour me demander – comme aux autres - si j’avais
une dernière chose à dire, et j’ai le souvenir d’avoir répondu en citant la
prière d’abandon de Charles de Foucauld : « Fais de moi ce qu’il
te plaira, je suis prêt à tout, j’accepte tout. » Saint Charles,
veille sur nous !
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