mercredi 11 mai 2011

Ce que Michèle m'a appris

J'ai été très touché par ce témoignage qui nous vient de Nouvelle-Zélande. Anne-Marie, elle-même maman de John, qui est trisomique, nous a envoyé ce texte très émouvant à la suite du décès de Michèle. A cette époque où, en France, on est en train de revoir la loi de bioéthique, je crois que bien des hommes politiques devraient, comme Anne-Marie, essayer "d'être avec" et de se mettre à l'écoute de nos amis différents, mais ô combien clairvoyants, souvent bien plus que nous. Ils apprendraient ainsi combien les valeurs que nous vivons à Foi et Lumière sont riches et porteuses de sens...

Michèle nous a quittés, emportée par une crise cardiaque, après une longue maladie. Michèle était très aimée, elle était trisomique et avait 62 ans. Lors de la veillée funèbre, la grande tristesse et les récits merveilleux sur ce qu’avait été sa vie depuis tant d’années, les rires et les larmes, tout ceci m’a fait beaucoup réfléchir.

Aujourd’hui, dans ce monde d’amniocentèse et de dépistage prénatal, Michèle n’aurait jamais vu le jour. Quand j'ai vu le nombre de personnes qu’elle avait touchées, réunies pour lui dire adieu, je me suis dit que notre monde aurait été plus pauvre si elle n’était pas née. Je suis sûre que si plus de gens connaissaient des Michèle, ils découvriraient le secret de l’amour, de la spontanéité et de la célébration. J’ai découvert que je souris plus quand je suis avec des personnes qui ont un handicap mental. Elles m’ont beaucoup appris sur l’Évangile. Elles le vivent sans dire les mots.

« Aimez-vous les uns les autres » dit Jésus, « La paix soit avec vous », « Heureux les cœurs purs »… Le royaume des cieux est à eux ! Je crois qu’ils "savent" alors que nous nous efforçons de comprendre.

Bien sûr, Michèle n’était pas une sainte, elle était têtue et catégorique et pouvait être exaspérante. Elle nous ramenait ainsi à nos propres limites nous obligeant à nous dépasser et à grandir.

Mais Michèle vivait de cette parole : « Aimez-vous les uns les autres ». Elle aimait sa famille et sa famille l’aimait. Elle aimait Dieu. Il fallait la voir pendant la prière, mains jointes et tête baissée, elle avait le sens du sacré. Tout au long de sa maladie, elle était toujours reconnaissante pour tous les soins qu’elle recevait. Tous ceux qui l’ont accompagnée ont dit combien cela avait été un privilège et combien cela les avait fait grandir. Michèle a été source de grâces en nous permettant de l’aider dans sa vie quotidienne, nous avons pu vivre ce service, ce lavement des pieds demandé par Jésus.

Michèle m’a aidée à prendre le temps, à respirer le parfum d’une fleur, à prendre le temps "d’être avec" et de réfléchir sur ce qui est vraiment important. Je suis tellement reconnaissante pour la vie de Michèle.

1 commentaire:

lebreton a dit…

Très touché par votre article, c'est un bel hommage rendu à votre amie Michèle.
L'un de mes oncles connaît également la trisomie, il fêtera cette année ses 53 ans. Bien entouré et fréquentant un COJ depuis plus de 20 ans, où il se sent aussi très épanoui.
De nombreuses fois Dédé a senti et anticipé des choses que "nous autres" dans la famille, n'avions pas vu arriver. Et bien d'autres qualités qu'un non-handicapé n'aura probablement jamais.
Cette fameuse "méthode" de dépistage pré-natal est une absurdité ; en pesant mes mots. Certes il y a des gens qu'on devrait condamner, mais certainement pas des personnes comme Michèle ou bien Dédé. Le handicap n'est pas là où on croit, qu'on se le dise..
Vous envoie mes condoléances, que Michèle repose en paix. Dieu vous protège. Amitiés.
Pierrick 32 ans.