
Un professeur de notre
école paroissiale a un enfant handicapé qui s’appelle KU JWAK. J’avais l’habitude
de travailler avec lui, mais j’ignorais sa situation familiale, jusqu’au jour
où un de ses collègues me dit : “Père, vous savez, un des enfants de ce
professeur, eh bien, il est des “vôtres”, ceux avec qui vous travaillez,
mais il le cache dans une chambre et ne veut pas que quiconque le voit.”
Alors, j’ai partagé
cette confidence dans une de nos réunions hebdomadaires de la communauté “Les
amis de Jésus اصدقاء يسوع” et nous avons décidé de rendre
visite à cette famille. Nous étions trois à y aller. En arrivant, nous avons
frappé à la porte et c’est la maman qui est venue ouvrir ; elle a d’abord
pris beaucoup de temps pour venir, et quand elle est arrivée, elle est restée
en travers de la porte comme si elle voulait nous empêcher d’entrer dans la
maison. Après les salutations d’usage, nous avons insisté pour qu’elle nous laisse
entrer comme c’est la tradition pour nous les Africains. Mais comme elle restait
là et que personne ne bougeait, j’ai répété que nous étions venus pour une
visite à sa famille. Elle nous a finalement laissé entrer, mais on voyait bien
que c’était à contrecœur. Nous avons salué tout le monde dans la maison et je
suis allé saluer l’enfant handicapé (qui entre-temps était sorti de sa chambre)
et lui ai serré la main. Il ne parlait pas, s’exprimant par des sons non
articulés et il était très agité. Nous avons expliqué à Teresa, la maman, la raison de notre visite. Nous avons partagé à propos de Foi et Lumière et lui avons proposé, si elle le souhaitait, de nous rejoindre pour voir et participer à la rencontre mensuelle de la communauté à la paroisse avec tous ses enfants et si possible aussi avec son mari.
J’ai pris KU JWAK sur mes genoux, et comme il cherchait à s’échapper, je l’ai maintenu avec douceur sur mes genoux et il a fini par se calmer. Puis son père est entré et nous a salués. Comme il arrivait de l’extérieur, il avait apporté quelques biscuit et du jus d’orange pour ses enfants, mais à notre grande surprise, il n’avait rien apporté pour KU KWAJ. Instinctivement, nous nous sommes regardés tous les trois et nous sommes restés silencieux.
Après cela, nous avons échangé des nouvelles, et il s’est mis à parler longuement ; il nous a expliqué comment son fils était devenu handicapé, qu’il n’était pas né comme ça, et il a dit toutes leurs souffrances. Nous pouvions sentir toutes les difficultés que ce jeune couple africain avait à porter avec le handicap de leur fils ainé.
Puis le papa nous a dit combien il était surpris de voir son enfant rester sans bouger sur mes genoux. Il a dit que personne ne pouvait faire cela sans être blessé, griffé ou mordu. Lui, son père, se fait régulièrement mordre à chaque fois qu’il essaye de “l’attraper” ; et il a ajouté : “vous avez de la chance qu’il soit si amical avec vous”.
Quand Teresa est venue avec ses trois enfants pour la première fois à Foi et Lumière, ils ont été accueillis très chaleureusement, et de même à la suivante et petit à petit, elle a commencé à partager avec les autres mamans du groupe et à recevoir des visites. Teresa s’est bien ouverte et se sent beaucoup plus à l’aise avec son fils et avec les autres dans la communauté.
Les gens ont été étonnés de nous voir rendre visite à notre “Ami de Jésus KU JWAK”. Les voisins ne pouvaient pas comprendre pourquoi nous nous intéressions à cet enfant handicapé. Pour nous, Jésus a la réponse à leur question… et Il y répond bien.
Le papa aussi est transformé ; mais, même s’il n’est encore jamais venu avec nous aux différentes activités, il est toujours là quand il s’agit de préparer son fils avant qu’il vienne nous rejoindre. Petit à petit, Dieu se tient aux côtés de cette famille et Il fait son travail en eux, lentement mais surement.
Une de nos difficultés est que beaucoup de familles cachent leur enfant handicapé ; les rejoindre est un vrai défi pour nous.